Comment réussir la transition énergétique en développant les filières éolienne et photovoltaïque comme nos voisins et en créant en France des emplois pour cette filière, c’est le sujet traité par un très récent rapport des deux ministères concernés, celui du redressement productif et celui de l’environnement.
La présentation du rapport sur le site de la documentation française commence par ces mots : « L'électricité d'origine éolienne et photovoltaïque contribuera à la transition énergétique de la France, et doit être encouragée comme elle l'est dans les autres pays européens. »
Après cette belle introduction, on trouve ce que pensent réellement les auteurs du rapport avec ces quelques mots : « Il convient cependant de bien prendre en compte, dans toute politique de soutien, les contraintes, voire les handicaps, propres à l'éolien et au photovoltaïque. »
Les mots « cependant, contraintes et handicaps » ne sont pas neutres et on va en trouver l’illustration tout le long du rapport, qui affiche toutes les raisons qui font que la politique de transition énergétique risque de nous coûter très cher ! En fait, sous couvert d’analyser comment réaliser la transition énergétique et avec une présentation très politiquement correcte, le rapport cite tranquillement tous les défauts du projet, et il y en a !
Le rapport analyse les emplois que l’on peut espérer dans le développement de ces filières : le problème est qu’il n’y a aucune usine pour assembler des éoliennes en France et que les principaux producteurs de photovoltaïque sont les chinois ; subventionner ces filières, c’est d’abord financer des importations !
Le rapport analyse aussi la politique en énergies renouvelables de nos principaux voisins (Allemagne, Espagne, Italie et Royaume Uni mais aussi le Danemark. Ceux-ci produisaient en grande partie leur électricité avec des combustibles carbonés, charbon (surtout en Allemagne) pétrole et gaz. Avec la montée du prix du baril depuis 10 ans, l’électricité leur coûte environ deux fois plus cher qu’en France, qui s’appuie pour environ 80% sur le nucléaire et pour 10% sur de l’hydraulique construit depuis longtemps et largement amorti.
Dans ces conditions, le surcoût des énergies éoliennes et solaire est relativement limité et le problème de la construction de centrales pour compenser l’intermittence des éoliennes ne se pose que modérément. Encore que l’Allemagne ait programmé la construction de dix centrales au charbon. Mais la difficulté la plus importante des allemands se situe aujourd’hui dans le besoin de construire des lignes à haute tension pour relier les parcs éoliens du Nord avec les industries consommatrices au sud : « Avec le développement massif des EnR, l’Allemagne a ainsi évalué son besoin en lignes électriques supplémentaires à environ 4 500 km. Or en raison de l’hostilité des populations locales et des recours devant les juridictions, seuls 150 km ont pu être construits ces dix dernières années). Faute d’avoir pu construire les lignes suffisantes (pour amener au sud du pays l’électricité produite par les éoliennes du nord (Mer du nord, mer baltique), ces dernières doivent parfois rester à l’arrêt) : 285 arrêts forcés d’éoliennes en 2009, 1 085 en 2010 ; 107 jours avec déconnexions en 2010 contre 65 en 2009 »
Après avoir rappelé les objectifs européens et français en matière d’énergies renouvelables, le rapport donne les éléments qui distinguent puissance et énergie produite ; en raison de temps de production très différents (7000 heures par an pour les centrales classiques et nucléaire, 2000 à 3000 heures pour l’éolien selon qu’il est sur terre ou en mer, 1000 heures pour le photovoltaïque) il faut pour produire la même quantité d’énergie par an, beaucoup plus de puissance installée en éolien qu »en combustible classique.
Il aborde aussi la question de la surface occupée : un parc éolien fournissant la même énergie qu’un réacteur nucléaire moyen occuperait plus de 400 km² (20 km x 20 km). Quand on sait que la France compte 58 réacteurs nucléaires et qu’un département moyen fait environ 6 000 km2, on peut calculer qu’il suffirait de la surface de 4 départements pour remplacer le nucléaire par de l’éolien…Et le rapport de noter que « La question déterminante est dès lors d’ordre sociétal : quelle proportion de leur territoire les Français accepteront-ils de voir affectée aux fermes éoliennes ? »
Pour ramener la part du nucléaire à 50%en 2030, il faudrait augmenter considérablement l’éolien et le photovoltaïque (7 000 ha rien que pour ce dernier en plus de ce qui était déjà prévu). Les émissions de CO2 liées au secteur électrique français augmenteraient de 47 % et la suppression des exportations représenteraient une perte annuelle d’au moins 3,2 Mds Euros.
La rapport aborde ensuite la question qui fâche, celle de l’intermittence et de l’imprévisibilité. Il en résulte des opportunités multiples pour stocker l’électricité, la description de celles-ci (pages 28 à 30) étant assez claire sur le faible rendement à attendre ! Page 28 on peut lire : Ce n’est qu’au delà d’un certain taux de pénétration de l’électricité produite par des sources intermittentes (le chiffre de 30 % en puissance est souvent cité), que le stockage de l’énergie dans des conditions techniques et économiques acceptables apparaîtra comme une condition sine qua non pour la poursuite de leur développement
30% de puissance installée, c’est de l’ordre de 10% de production totale…
Le reste du rapport est à l’avenant : sous couvert de montrer comment va se faire la transition énergétique voulue par le nouveau pouvoir, les auteurs ont tranquillement listé toutes les raisons qui leur font penser que c’est un très mauvais choix. Mais évidemment, ce n’est absolument pas présenté comme cela !
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