L’accident qui a fait deux blessés légers et fait croire à un début d’incendie jeudi 6 septembre sur le site de Fessenheim a été très largement repris par les médias, les mêmes médias qui ont été plus discrets sur un accident de travail qui faisait deux morts le même jour sur le site sidérurgique de Gandrange
Les journaux papiers ou télévisés ont bien du conclure leur intervention sur le fait qu’il s’agissait d’un non-événement, comme le note la CFDT du site qui parle d’ouvriers irrités du bout des doigts lors d’un dégagement de vapeur lors d’une manipulation d’eau oxygénée. L’événement a eu lieu dans une partie non nucléaire du site.
La crainte d’un début d’incident a fait réagir immédiatement les services de sécurité de la centrale : cinquante pompiers ont été mobilisés avant que l’on constate qu’il s’agissait d’une fausse alerte. C’est cette sortie qui a provoqué la réaction des médias. Mais informés de ce qui c’était réellement passé, au lieu d’y voir la preuve que la sécurité est très vigilante sur le site, les médias ont ressortis tous les arguments avancés par les écologistes pour la fermeture de la centrale (la plus ancienne, le risque sismique etc.). L’incident apportait-il une preuve supplémentaire de la dangerosité de la centrale (dont la prolongation pour dix ans a été validée par l’ASN lors de la récente révision décennale) ? Non, évidemment, la réaction des médias prouve à quel point ils sont imprégéns de l’idéologie écologiste.
Justement, ce même 6 septembre, RTE publiait son « bilan prévisionnel de l’équilibre offre demande d’électricité en France », et le Monde en tirait le surlendemain un article sur la disparition du chauffage électrique dans les bâtiments neufs, car « trop énergétivore ». Depuis les normes imposées par le Grenelle de l’environnement, la part du gaz dans le chauffage des logements neufs est passée de 30 à 70% et celle de l’électricité de près de 70 à 20%, cette part étant encore appelée à diminuer prochainement
Le journaliste s’en réjouit et explique que « le chauffage électrique classique présente un rendement médiocre » car « il faut utiliser le combustible d’origine dans une centrale électrique, transporter le courant, transformer l’énergie électrique en énergie thermique ».
On peut imaginer que le journaliste a recopié ce qu’on lui a dit sans vraiment comprendre (la culture scientifique et la maitrise des chiffres par les journalistes du Monde est légendaire…). Le rendement de la transformation de l’électricité en chaleur est de 100% (elle peut même être supérieure avec les pompes à chaleur, il s’agit du chauffage électrique non classique).
S’il s’agit d’utiliser le gaz pour assurer le chauffage, le transformer en électricité au préalable est évidemment une opération dont le rendement (35% au mieux), est bien plus mauvais que celui de la chaudière à gaz individuelle (supérieur à 90%, en fonction de la qualité du réglage).
Les partisans du nucléaire pourront objecter que la question ne se pose pas vraiment pour ce combustible qui assure la plus grande part de la production française d’électricité (on n’a pas encore réussi à faire des chaudières nucléaires domestiques) et que l’argument n’a donc pas grand sens. Les écologistes objecteront que puisque le nucléaire doitb voir sa part réduite voire supprimée, c’est bien aux autres combustibles qu’il faut ciomparer.
Dialogue de sourd évidemment
On notera cependant que dans l’affaire, le choix consiste à produire plus de CO2 : non seulement les écologistes ont réussi à faire intégrer leur discours anti nucléaires, mais ils ont fait admettre que le combat contre le nucléaire est beaucoup plus urgent qyue celui contre le réchauffement de l’atmosphère terrestre, opinion qui est pourtant loin d'être partagée par les écologistes dans le monde.
Justement l’ami Protéos a analysé le même rapport que le Monde. Il l’a fait avec célérité puisque son papier est daté du 6 à une heure du matin : soit il est très rapide, soit il a un accès privilégié aux documents de RTE. Et il trouve dans ce rapport d’autres informations bien utiles.
Pour ceux qui n’ont pas le courage d’aller lire chez lui (ils ont tort), quelques idées clés à retenir:
Le rapport met en effet en évidence quelques conséquences peu satisfaisantes du développement programmé de l’éolien
D’abord, il va falloir installer des lignes à haute tension pour raccorder ces nouveaux parcs au réseau. Non seulement le coût se chiffre en milliards d’euros, mais il risque d’y avoir un gros problème de délai, ce genre de raccordement suscitant généralement des oppositions des populations (encouragées sur ce point par les écolos…) et les enquêtes d’utilité publiques prend du temps.
Ensuite, le remplacement annoncé du nucléaire par l’éolien nécessitera un recours accru aux combustibles traditionnels (l’éolien étant intermittent) donc une augmentation du CO2 (sur le pan climat, la politique prônée par les écolos a vraiment tout faux.
Enfin, on risque de manquer de centrales traditionnelles : les plus vieilles doivent fermer (elles ne sont pas aux normes pour 2015) et leur remplacement risque de ne pas être rentable, en raison de la surcapacité des puissances installées dans les autres sources d’énergies.
Surcapacité qui ne nous permettra pas cependant de faire face aux pointes d’hiver (l’éolien marche généralement pendant les vagues de froid, mais sa production peut varier du simple au double dans une journée. RTE craint donc une grande panne en 2016, 2017 ou 2018 (cela dépendra bien entendu si la France traverse ou non un épisode de froid tel qu’elle l’a connu en février 2012).
Mais tout cela n’intéresse probablement pas le journal dit « de référence »
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