Il n’aura pas fallu un mois pour que l’image de modestie salariale donnée par le gouvernement se lézarde. François Hollande avait voulu frapper les esprits et donner l’exemple en faisant de la baisse de 30% de la rémunération des ministres une des premières mesures adoptées par le gouvernement, dès le conseil des ministres du 17 mai.
Las, le Canard Enchainé du 6 juin a révélé que le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, qui a dû laisser la mairie d’Evry à un de ses adjoints et devenir simple conseiller municipal, toucherait dorénavant une indemnité à peine inférieure à celle du maire, mais largement supérieure à celle des autres conseillers municipaux : le montant prévu (environ 1700 euros net), n’est certes pas à la hauteur de l’indemnité des ministres (9940 euros désormais) ni même du montant de la baisse de 30% (soit 4260 euros), mais il faisait mauvais effet. Après avoir tenté de se justifier, le nouveau ministre de l’intérieur a rapidement hissé le drapeau blanc en déclarant qu’il demanderait au nouveau maire de ne lui attribuer aucune indemnité.
Au-delà de l’aspect financier, l’indemnité décidée par le conseil municipal prouvait bien que Manuel Valls a l’intention de continuer à suivre de près ce qui se passe dans sa commune. Il est vrai que l’obligation faite aux ministres par notre nouveau président de se faire élire aux législatives, suppose qu’ils continuent à consacrer un temps important à leur circonscription !
Le cumul des mandats a longtemps été pour les élus un moyen lucratif pour atteindre une rémunération élevé. La loi prévoit aujourd’hui un écrêtement, qui rend le cumul moins intéressant qu’il ne l’a été.
Un de mes amis citait devant moi il y a une dizaine d’années le cas (parmi d’autres) du nouveau ministre de la défense, Jean Yves le Drian. D’après Wikipédia, celui-ci a été élu municipal pendant 27 ans, dont près de 17 ans comme maire, 21 ans comme député, élu au conseil régional de Bretagne pendant 14 ans, dont 8 comme président, et probablement aussi à un niveau élevé de responsabilité de l’établissement public de coopération intercommunale qui regroupe 19 communes dont Lorient. Comme le nouveau ministre, âgé de 64 ans, a déjà été secrétaire d’Etat pendant un an, c’est surtout une retraite lucrative qu’il prépare. D’autant plus que mon ami me chuchotait que cet ancien universitaire continuait à cotiser, comme la loi lui en donne le droit, pour son ancien poste dans la fonction publique, lui assurant ainsi une retraite rondelette…
Un autre de mes amis, s’indignait lui, de la multiplication dans les collectivités territoriales, de postes dans les cabinets, souvent occupés par des militants du même bord, souvent eux-mêmes élus dans une autre collectivité, à un poste ne leur assurant pas un revenu suffisant. Zoé Shepard a montré à quelles extrémités cette pratique pouvait mener les collectivités. Mais les élus (quel que soit leur bord) tiennent à leurs fromages. La droite a payé de la perte du Sénat de l’avoir oublié.
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