Après les quinquennats peu convaincants de François Hollande (2012/2017) et de Jean François Coppé (2017/2022), et comme l’avait prévu JL Mélenchon lors de la présidentielle de 2012, la crise conduit les Français à donner en 2022 le pouvoir au Front de Gauche, lequel a eu le temps d’approfondir son programme, l’humain d’abord !
La nouvelle ministre du sport, Jennifer Martin, représentante éminente du Parti Communiste, se saisit donc d’un sujet éminemment symbolique, le football professionnel. Certes, la tranche sur l’IR à 75% au-dessus d’1 million d’euros mise en place par François Hollande en 2012 a fait fuir les meilleurs footballeurs français en Espagne et en Angleterre. Le mouvement s’est accéléré en 2015 avec l’abaissement du niveau minimum à 300 000 euros et la création d’une nouvelle tranche à 90%. La suppression des charges sociales dans ce sport, décrétée par JF Coppé n’a pas vraiment inversé le processus : clairement il faut faire quelque chose !
Cependant, en préparant le programme, les apparatchiks de la place du Colonel Fabien ont découvert avec horreur un monde dominé par l’ultra libéralisme, avec la mise au travail des jeunes sportifs bien avant l’âge de 18 ans, avec des agents qui se comportent en réalité comme des marchands d’hommes. Mais c’est en entendant l’argument selon lequel les salaires élevés des joueurs s’expliquaient par la durée très limitée de leur carrière et les difficultés de leur reconversion qu’ils ont compris où il fallait agir.
Ils avaient bien envisagé de rendre automatique l’entrée dans le corps des professeurs de sports, mais le syndicat correspondant, discrètement contacté, avait mal réagi et s’était offusqué à l’idée qu’on puisse confier des élèves à un Frank Ribéry sans lui faire passer le même concours que les enseignants en place. Le secrétaire du syndicat avait admis du bout des lèvres la possibilité d’une promotion par voie interne mais cela supposait de toute façon de faire des joueurs professionnels des fonctionnaires.
Jennifer Martin avait d’autant plus d’idées sur la question qu’elle avait participé plusieurs fois à la délégation de la CGT chargée de négocier avec le ministre de la Fonction Publique sur les rémunérations des fonctionnaires. Elle avait bien senti qu’il était possible de faire une transformation qui prouverait la supériorité de la pensée communiste dans ce secteur si représentatif de l’idéologie ultralibérale.
Il fallait agir vite : Jennifer Martin avait été nommée en mai, et le championnat de Ligue 1 commençait dès le mois d’août. L’assemblée élue en juin devait voter les nouvelles lois à l’occasion d’une session extraordinaire déjà bien chargée. Heureusement, les grandes lignes avaient été préparées pendant la campagne et le plus simple était d’appliquer des recettes qui avaient déjà fait leurs preuves dans d’autres domaines
Le projet prévoyait donc la nationalisation de tous les clubs comprenant des footballeurs professionnels, en Ligue 1 et 2 mais aussi en National. Un statut du footballeur professionnel était défini, protégeant enfin les joueurs de l’incertitude des fins de carrière et des jugements arbitraires des dirigeants. Il prévoyait plusieurs niveaux de concours pour orienter les joueurs selon les niveaux de championnat, les conditions pour être nommé titulaire, le système de points (attribués selon l’ancienneté et la situation de famille) qui permettait aux joueurs de se porter candidat à une mutation vers un club de leur choix, et bien sûr, le niveau de rémunération en fonction du résultat aux différents concours et de l’ancienneté dans le poste. Au regard de la pénibilité du métier, une retraite à seulement 52 ans avait été prévue. Celui qui avait fait la proposition avait calculé qu’avec le temps de formation après 18 ans, les spectateurs pourraient applaudir leurs vedettes préférées pendant 29 ans, ce qu’aucun système libéral n’avait réussi à obtenir.
Le travail était impeccable : Jennifer Martin se sentit très fière d’elle-même le jour où elle put présenter son projet en conseil des ministres.
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