A droite comme à gauche, les électeurs ont assimilés les leçons du 22 avril 2002 et ne veulent pas prendre le risque de voir Marine Le Pen présente au deuxième tour. Le dernier sondage publié par Le Monde hier soir en est la preuve, sans d’ailleurs que les journalistes le voient, faute de comprendre la valeur des chiffres.
Le Monde publie les scores des candidats dans deux hypothèses, avec ou sans Marine Le Pen, et nous donne la ventilation des voix des électeurs de celle-ci dans le cas où elle est absente
35% de ces électeurs du FN s’abstiendraient en cas d’absence de leur candidate préférée. Les scores de tous les autres en devraient être mécaniquement augmentés, d’un rapport de 100 sur 94.5 (ces abstentionnistes d’extrême droite représentent en effet 5.5% de ceux qui pensent voter dans la première hypothèse).
Nicolas Sarkozy, qui attire 25% des électeurs dans la première hypothèse, devrait donc se voir créditer des mêmes 25%, plus les 23% d’électeurs lepénistes qui se reportent sur lui, soit un total de 28.7% à diviser par 0.945, ce qui donne théoriquement plus de 30%. Or le sondage ne le crédite que de 28.5% des suffrages.
De son côté François Hollande qui attire 32% des sondés dans la première hypothèse et 7% des électeurs lepénistes dans la seconde, devrait se retrouver avec 35% au total dans la seconde hypothèse, alors que le sondage ne lui en accorde que 33.5%
Seule explication possible : libérés de l’hypothèse d’une présence de Marine Le Pen, certains électeurs qui étaient prêts au vote utile se retournent vers d’autres candidats.
En dehors des 5 candidats qui joeunt la course en tête,(Mélenchon compris), les candidats recueillent 5.5% dans la première hypothèse et 11.5% dans la seconde !
Le score donné à François Bayrou par le sondage illustre bien cette évolution : les 12.5% que lui donnent les sondés en cas de présence de Marine le Pen, les 9.5% d’électeurs lepénistes qui viennent à lui si Marine Le Pen est absente devraient lui faire un total de moins de 15%, quand le sondage lui donne 16%
Seule explication : une partie des électeurs de N Sarkozy se tournent vers F Bayrou en cas d’absence de Marine Le Pen, comme une petite partie des électeurs de François Hollande se tournent vers Eva Joly ou JL Mélenchon dans le même scénario.
Conclusion : l’absence de Marine le Pen, qui n’est par ailleurs pas souhaitable pour de simples raisons de démocratie, ferait évoluer les sondages, sans qu’on ne sache jusqu’où les cartes seraient rebattues.
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