Il y a trente ans, le 8 novembre 1981, une loi mettait fin au monopole de l’Etat sur la bande FM, laissant théoriquement la voie libre à une floraison de radios diverses, avant que les radios commerciales ne prennent l’essentiel de la place. La liberté d’expression disposait ainsi d’un nouveau moyen.
Les fils adolescents du boulanger du coin avaient bricolé un émetteur qui leur permettait bien d’être écoutés à deux ou trois kilomètres de là au maximum. Ils diffusaient surtout de la musique et cela n’a évidemment guère duré, mais ils ont fait ensuite une belle carrière de disc-jockey amateurs. D’autres participaient à la radio du campus de Lille, avec un bon niveau de qualité, mais toujours en amateurs.
La CGT du Nord avait dès 1979 lancé une radio pirate, Radio Quinquin, qui subira les poursuites des CRS et réussira à émettre quelque temps, en se cachant d’une mairie communiste à une autre. Se voulant la radio des luttes, Radio Quinquin sera autorisée officiellement en 1983, mais perdra avec l’illégalité tout intérêt (écouter parler des luttes 24h sur 24….), avant d’être absorbée par Radio Contact
Les radios libres ont fini par débouché sur Skyrock et Nostalgie : on est loin des espoirs soulevés au départ, même si cela a été une belle aventure pour certains. Mais la qualité et la durée nécessitaient un professionnalisme qui coûtait cher : seules les radios reposant sur une association forte (comme radio Notre Dame) ou sur une audience suffisante pour payer la publicité ont pu survivre
D’une certaine manière, les blogs ont recommencé vingt ans après la même aventure, avec certains avantages, puisque la limite du nombre de fréquences a disparu. Il y a des millions de blogs touchant en fait un cercle très restreint, ou s’intéressant à de multiples sujets spécialisés. Internet, à travers sites, blogs ou réseau sociaux, se révèle sans doute mieux adapté au besoin communautaire et associatif auquel répondaient les étudiants de la radio du campus de Villeneuve d’Ascq.
Reste le cas des blogs de commentaires de l’information, militants ou non On peut se demander si dans ce domaine, on n’est pas en train d’assister au même phénomène que celui qui a touché les radios. On pouvait envisager il y a 5 à 7 ans, l’émergence d’une blogosphère de qualité et touchant un très vaste public, à l’image d’un Versac ou dans un autre domaine d’Econoclaste. Il me semble que cette blogosphère est en train progressivement de disparaître : même Eolas, n’a plus guère le temps de publier. Entretemps sont apparus les Médiapart, les Rue 89, les Slate ou les Atlantico : place aux professionnels financés par la pub ou l’abonnement ?
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