La politique menée par l’Allemagne de Schröder et de Merkel a créé au sein de la zone euro des déséquilibres commerciaux et économiques dont on ne voit pas très bien comment sortir, mais qui menacent autant l’euro que la question de la dette de la Grèce ou de l’Italie, que cette politique a sans doute aggravée.
A la fin des années 90, l’Allemagne était sur une mauvaise pente, avec une économie affaiblie par l’effort gigantesque réalisé pour réussir le rattachement de l’ex RDA. De son coté, la France bénéficiait enfin des efforts réalisés pendant quinze ans par les gouvernements de gauche comme de droite, pour éradiquer l’inflation, avec le plan Delors Mauroy d’abord, la politique de désinflation compétitive soutenue par JC Trichet ensuite.
Sous l’impulsion du premier ministre social-démocrate Gérard Schröder, le marché du travail est réformé entre 2003 et 2005 dans un sens nettement plus libéral, à travers les lois Hartz, dont la quatrième qui diminue fortement la durée des allocations chômage et laisse la possibilité de salaires inférieurs à la convention collective. Il est probable que ces mesures visaient surtout les länder de l’ancienne RDA, dont la productivité était encore faible, et pour lesquelles le choix 1 mark = 1 mark s’était traduit par d’importants taux de chômage. Dans le même temps, des entreprises automobiles négocient le passage de 35 à 40 heures avec compensation financière partielle.
Peu de temps auparavant, la France était passée aux trente-cinq heures, avec maintien des salaires et augmentation du SMIC horaire, et les pays du sud de la zone euro laissent l’inflation augmenter leurs coûts. Le résultat se lit aujourd’hui dans le commerce extérieur : le déficit le plus important de notre pays est avec l’Allemagne. Mais cette situation est partagée par la plupart des pays de la zone euro. Bien sûr, cette situation est en partie compensée par la balance touristique, très défavorable à l’Allemagne, mais il reste un déséquilibre structurel.
Certains médias ont parlé d’un écart de 25% en faveur de l’Allemagne, en comparant les évolutions de coûts. Mais si on admet que l’Allemagne est partie avec du retard, l’écart en sa faveur est plus faible.
Toujours est-il que dans un système de monnaies nationales, la situation actuelle aurait mené à une dévaluation de certaines de ces monnaies et à une réévaluation du deutschemark. A défaut, il faudrait dans les prochaines années une inflation pus forte en Allemagne qu’ailleurs : comme on ne peut attendre une inflation élevée en Allemagne, il faudrait une déflation dans les pays du Sud, ce qui ne les aiderait pas à diminuer leur dette en pourcentage du PIB ! Alexandre Delaigue évoque la question en proposant une solution originale mais dont il ne croit pas qu’elle se fera.
Le déséquilibre Allemagne / reste de la zone euro commence à ressembler à celui de la Chine/ reste du monde, et à pourrir l’économie de la même manière. La différence est que les responsables allemands et ceux des pays voisins se parlent souvent et qu’il existe une banque européenne qui est également un lieu de débat. Car c’est bien l’existence même de l’euro qui est menacée par ces écarts entre pays.
Une solution pour éviter une dépression généralisée dans la zone serait que le pays qui peut relancer, c’est-à-dire l’Allemagne, le fasse. Ce n’est pas gagné, même si la croissance de nos voisins d’Outre Rhin est actuellement relativement élevée. Angela Merkel a envisagé il y a peu de consacrer une partie des rentrées fiscales à une réduction des impôts, mais s’est fait recadrer vite fait par le SPD qui s’appuie sur une loi sur le sujet.
Il faut aussi comprendre que l’Allemagne a un gros souci à long terme, du fait de sa faible natalité depuis longtemps. La population diminue, ce qui n’est guère favorable à la croissance. Surtout, la population potentiellement active va baisser fortement. La population des 20/60 ans représentait 55.4% du total en 2010 mais pourrait n’en représenter que 46.9% en 2030, sur une population diminuée de 5%. Le rapport entre le nombre de plus de 60 ans et celui des 20/60 ans passerait de 0.47 en 2010 à 0.78 en 2030 : on comprend que les Allemands aient décidé des reports de l'âge de la retraite!
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