Les dirigeants d’EELV ont voulu mettre la question de la sortie du nucléaire au cœur de la négociation qu’ils mènent avec le PS pour préparer les législatives de 2012. Heureusement pour notre pays, François Hollande semble avoir décidé de ne pas céder à leur menace de faire de cette question le critère indispensable à un accord.
Chez ceratins militants politiques écologistes, il est d’usage de condamner l’absence de démocratie dans des choix qu’ils jugent essentiels, comme le programme nucléaire ou l’introduction d’OGM. Cela leur permet de justifier des actions qui n’ont rien de démocratiques, comme la destruction de parcelles expérimentales d’OGM.
Ayant toujours mis en avant l’absence de débat sur le nucléaire (quand toutes les élections sont pour eux l’occasion d’en parler et pour les électeurs de les suivre ou non), ils avaient décidé cette fois d’utiliser un procédé particulièrement démocratique pour arriver à leurs fins : la négociation entre états majors de partis, en préparation d’une alliance électorale, d’une promesse de sortie du nucléaire et d’arrêt des travaux de l’EPR de Flamanville. Eva Joly et Cécile Duflot ont fait officiellement de ce sujet un casus belli dans leur relation avec le PS.
Pour accentuer la pression, les écologistes ont utilisé l’accident de Fukushima : ils se sont déplacés là bas en grande pompe puis sont revenus en déclarant qu’il faudrait que les autres leaders politiques en fassent autant pour voir sur place (tout en expliquant que les radiations sont invisibles, comprenne qui pourra !).
Eva Joly s’était fendue d’un article dans le Monde et Denis Baupin était intervenu sur France Inter le lendemain, tous les deux utilisant les mêmes arguments et les mêmes illustrations, dans une communication manifestement bien huilée.
Une communication jouant essentiellement sur leur registre préféré, celui de la peur et de l’émotion. Comme il ne leur était pas possible de mettre en avant des morts ou des victimes remplissant les hôpitaux (ce qu’on devrait logiquement attendre d’une catastrophe décrite comme majeure à l’échelle de la planète), ils ont utilisé la ficelle qui jouait le plus sur les émotions, celle de l’enfance menacée et de l’amour maternel.
Ils ont donc décrits des japonaises confrontées à un pouvoir qui refuse de faire afficher la radio activité des produits alimentaires (rappelons qu’un corps humain de 80 kg émet 8000 becquerels de radio activité, pour moitié à cause du carbone 14 qu’il contient, et que la même logique prévaut pour tout produit contenant du carbone, et cela depuis des milliards d’années) et qui a relevé autour de Fukushima le seuil de radio activité acceptable à celui autorisé pour les travailleurs du nucléaire (20 milli sievert, soit un cinquième de ce qu’on pense être au minimum le seuil en dessous duquel il n’y aurait pas d’effets de la radio activité, un niveau proche de celui connu dans les zones soumises à la plus forte dose de radio activité naturelle, dans certaines régions d’Asie, et cela sans effets observables). Certaines japonaises mères de famille s’inquiètent pour leurs enfants, et Eva Joly nous renvoyait cette inquiétude pour nous la faire partager et jouer avec nos peurs de l’inconnu.
Sur France Inter, Denis Baupin a repris exactement la même image. La reprise de cette méthode (que je qualifierais volontiers d’ignoble et digne de la droite dure), montrait bien qu’elle était concertée.
Apparemment, le procédé n’a pas pris, et les négociateurs du PS, menés par les fidèles de François Hollande, ne se sont pas laissé impressionner. Il faut croire que les sondages sur l’opinion des Français ne donnent pas le rejet du nucléaire espéré par les écolos. Il est vrai aussi que les sondages présidentiels donnaient une nette avance de Hollande sur Eva Joly, l’un d’eux ayant même donné 35% au premier et 3% à la seconde !
Arrêter Flamanville, se serait renoncer à une nouvelle étape dans le nucléaire civil, une étape dont il est attendu une réduction des déchets finaux et une meilleure utilisation de l’uranium. C’est pour cette raison que les écologistes en font un symbole. Un des arguments avancés par eux est le dérapage du prix de l’investissement qui réduit l’avantage du nucléaire. Le problème est qu’à ce niveau, la question n’est plus le coût total de l’investissement, mais ce qui reste à financer : l’arrêt de Flamanville ne nous fera pas récupérer les milliards déjà dépensés ! Le PS dispose de suffisamment d’experts pour avoir compris ce raisonnement budgétaire de base. Et dans ces temps de rigueur, on ne s’amuse pas à jeter les milliards par les fenêtres pour les beaux yeux d’un allié de toutes manières insupportable, et que le PS n’a absolument pas intérêt à renforcer !
Rien n’est encore joué, la négociation court jusqu’au 19 novembre, mais on ne peut qu’encourager le PS a ne pas sacrifier le nucléaire sur l’autel de l’alliance avec EELV.
PS : je lisais la page de Wikipédia sur les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki On y trouve les informations suivantes sur les conséquences des irradiations (pour les personnes qui ne sont pas décédées dans les jours ou semaines qui ont suivi l'explosion)
Effets médicaux à long terme de l’irradiation
- Les leucémies : À partir de 1947, une augmentation de l'incidence des leucémies a été observée parmi les survivants irradiés. Un maximum fut atteint en 1951, ensuite cette incidence a décliné pour disparaitre en 1985. Sur 49 204 survivants irradiés suivis de 1950 à 2000, il a été observé 94 cas de leucémies mortelles attribuables aux radiations
- Les cancers « solides » : Le suivi des survivants irradiés a montré, à partir de la fin des années 1950, une augmentation progressive de l’incidence des cancers, en particulier ceux du poumon, du tube digestif et du sein. Sur 44 635 survivants irradiés suivis de 1958 à 1998, il a été observé 848 cas de cancers mortels attribuables aux radiations.
- Effets médicaux autres que les cancers chez les survivants irradiés : survenue de cataractes, de stériliité (souvent réversible chez l'homme), d’une augmentation de la fréquence des maladies (non cancéreuses) pulmonaires, cardiaques ou digestives avec une possible diminution de la durée de vie. Le nombre de ces décès semble égal au nombre ou à la moitié du nombre de ceux dus aux cancers et leucémies (soit environ de 0,5 % à 1 %).
Le nombre des morts dus aux effets à long terme des bombardements nucléaires est, d'après ces chiffres, dérisoires par rapport à celui des victimes des premiers mois. En mars 2007 au Japon, près de 252 000 personnes encore vivantes sont considérées « hibakusha » (survivants de la bombe). Mais, de ce nombre, moins de 1 % (2 242 exactement) sont reconnues comme souffrant d'une maladie causée par les radiations.
Effets sur la descendance de la population irradiée
Les résultats du suivi des descendants des victimes d'Hiroshima et Nagasaki (30 000 enfants de parents irradiés, ce qui représente une population statistiquement significative) n'a pas permis d'observer une augmentation des malformations ou des troubles génétiques.
A noter que le seul survivant des deux bombes (il était à Hiroshima et à Nagasaki !) est décédé d'un cancer de l'estomac en 2010, à l'âge de 93 ans.
Les commentaires récents