La primaire socialiste a incontestablement donné à son vainqueur une crédibilité et une légitimité qui lui sera fort utile dans la bataille de la présidentielle, tant par rapport aux autres candidats de gauche et du centre que vis-à-vis du président sortant. Il lui faudra cependant revoir une copie pas toujours convaincante.
Une de mes collègues, très engagée au sein du PS parisien, me disait tout à l’heure avoir connu la plus belle campagne de sa vie : les passants venaient lui prendre les tracts des mains et lors du vote, beaucoup insistaient pour verser plus de 1 euro, tant ils étaient contents de l’occasion qui leur était donnée.
Il est vrai que par ailleurs elle soutenait le vainqueur final, et que de plus elle est à Paris, où 14% des inscrits ont voté dimanche, soit plus du double de la moyenne nationale. Mais clairement, comme je le soulignais hier, cette primaire redonne un souffle démocratique à un moment où la confiance des citoyens vis-à-vis de leurs élus est au plus bas. Ce qui ne les a pas empêché à l’heure du choix, de pencher nettement pour celui des deux finalistes qui a fait toute sa carrière en politique, quand sa concurrente a commencé pendant 14 ans par une carrière de haut fonctionnaire puis a passé trois ans chez Péchiney avant de devenir ministre et de se présenter à sa première élection en 1995.
Comme le souligne Eric Izraelevwicz dans le Monde ce soir, cette première primaire est un signe de modernité et sera donc suivie par d’autres, peut-être même à droite en 2017. Mais cette innovation ne pourra que difficilement être suivie, sous la forme utilisée, par les partis moins dominants, écologistes, communistes ou centristes qui ne peuvent se permettre de se voir imposer un candidat par d’autres que leurs sympathisants. Encore qu’il faille noter que l’espoir entretenu par certains soutiens de Martine Aubry, d’une mobilisation de sympathisants venus d’autres forces de gauche semble avoir été déçu !
François Hollande bénéficie aujourd’hui d’une forte légitimité, par rapport à Eva Joly par exemple. Mais l’élection est encore loin, et il faudra tenir la distance et maintenir la dynamique enclenchée.
Il devrait mettre à profit ce délai pour faire le ménage dans certaines des propositions qu’il a avancé, pour le moins peu convaincantes ou peu cohérentes avec la volonté affichée de supprimer les déficits à l’horizon 2017. Mais là, il est probable que je rêve et que seule la réalité du pouvoir l’obligera à plus de réalisme !
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