Le Monde donne la parole ce soir à François Bayrou qui parle avec bon sens des moyens de réduire le déficit public, renvoyant dos à dos la gauche et la droite, au moment où le déficit est tel que des demi mesures ne suffisent plus : il va falloir réduire les dépenses et augmenter les impôts.
Comme le rappelle l’éternel candidat centriste, la droite considère qu’il faut baisser les dépenses devenues excessives, mais refuse d’augmenter les impôts, quand la gauche propose d’augmenter les impôts (et de faire payer les riches) en voulant faire croire que cela permettra de financer des dépenses nouvelles. François Bayrou a beau jeu de noter que cela n’est pas possible : il propose au contraire de tailler dans les dépenses à tous les niveaux (celles de l’Etat, celles des collectivités locales, celles de la sécurité sociale) et d’augmenter les recettes, avec la création de nouvelles tranches de l’impôt sur le revenu, la suppression de certaines niches fiscales et l’augmentation de la TVA. Un vrai régime de cheval dont on ne sait pas s’il affaiblira le malade ou le sauvera.
Cela ne l’empêche pas de faire une analyse à mon sens irréaliste de la situation grecque et de ce qu’il aurait fallu faire (ce qui est pourtant toujours plus facile à faire après qu’avant). Irréaliste parce qu’il faudra bien restructurer la dette grecque, et que la logique n’est pas que ce soit les nouveaux créanciers qui en subissent le coût pour éviter que les anciens ne le fassent. Irréaliste surtout parce que les décisions européennes supposent de bâtir un consensus, et que celui-là n’était pas atteignable au début de la crise.
Mais on touche la limite du candidat qui semble oublier en permanence que la politique c’est l’art du possible, et que cela ne sert à rien d’avoir raison contre tous (si tant est que cela soit le cas pour lui).
En refusant en 2007 de s’allier avec la droite au deuxième tour, François Bayrou s’est privé de l’opportunité de gagner 50 à 70 sièges de plus et surtout de peser sur la politique menée. En ce sens, il est responsable aussi des errements de la politique gouvernementale sur la sécurité et sur les déficits, deux domaines où le centre pouvait peser.
Pour revenir à la réduction des déficits, on a le sentiment que les Français n’ont pas conscience de leur importance. D’abord parce que ni la droite (parce qu’elle est au gouvernement) ni la gauche (parce qu’elle ne veut pas de politique d’austérité) ne veulent trop insister sur le sujet. Ensuite peut-être parce que raisonner en % du PIB donne une idée tronquée de la réalité. Dire que le déficit public représente 7% du PIB, c’est faire l’impasse sur le fait qu’il y en a environ 6% qui concerne l’Etat, alors que celui-ci ne garde comme recettes qu’environ 15% du PIB. En réalité, un déficit de 120 milliards, c’est tout simplement trois fois le montant de l’impôt sur le revenu. Face à un tel montant, il faut bien sur maîtriser la dépense, mais il faut aussi augmenter les impôts, et réciproquement bien sûr.
Gageons que d’ici l’élection, les marchés financiers, en gros vilains qu’ils sont, n’oublierons pas de nous le rappeler !
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