Après un excellent premier trimestre, la France a connu un deuxième trimestre atone. La menace financière de l’été s’ajoutant à cette stagnation explique la décision du gouvernement de revoir ses prévisions à la baisse Mais en fait, c’est surtout l’incertitude qui domine ! Il est vrai que les déséquilibres structurels de l’économie mondiale restent entiers.
Plusieurs événements avaient laissé prévoir que le deuxième trimestre ne serait pas aussi rose que le premier. L’indice du climat des affaires, qui n’avait cessé d’augmenté depuis le niveau de 70 (son plus bas historique depuis la création en 1980) de mars 2009 jusqu’au 109 de mars 2011 s’est ensuite mis à stagner pour baisser à 105 en juillet. Mais ce sont les chiffres de l’emploi, qui ne sont pas bons depuis trois mois, qui pouvaient le mieux montrer que la croissance était faible.
Le Monde du 26 août, dans un article sur la croissance allemande, explique que là aussi le deuxième trimestre a été décevant (0.1%) mais pointe aussi des signes de ralentissement futur, en particulier la dégradation brutale de l’indice de la confiance des firmes allemandes, passé de 112.9 en juillet à 108.7 en août, soit une baisse particulièrement forte (égale à celle constatée en novembre 2008) mais un niveau qui reste élevé. Notre voisin n’atteindra donc pas les 3.1% espérés jusque là pour 2011, mais n’en sera pas loin cependant.
Ce qui se passe sur le front de la dette ne va pas améliorer les choses bien sûr. La baisse de la Bourse signifie que les investisseurs ont des doutes sur l’avenir. Il est possible que les résultats réels les rassurent peu à peu, comme c’était le cas ce jeudi concernant les valeurs bancaires, à la suite de la publication des résultats du Crédit Agricole.
La réalité est que tout le monde est un peu dans le brouillard. Or on sait que l’incertitude n’est pas favorable à la croissance et au lancement de projets. Le plus probable est que l’on reste sur une croissance faible, à l’image de ce qui a été prévu par le gouvernement, qui a donc fait le choix d’un cure de 11 milliards, qu’il espère suffisante pour rassurer les marchés et suffisamment limitée pour ne pas casser la croissance. C’est un choix qui peut se révéler valable, mais c’est un choix plutôt optimiste.
Pourquoi cette incapacité de notre pays (mais pas seulement lui) à rattraper le retard accumulé par rapport au taux de croissance à long terme ? Il me semble que les difficultés rencontrées depuis 3 ans par de nombreuses économies développées s’explique notamment par le déséquilibre commercial au niveau mondial entre la Chine et les USA et au niveau européen entre l’Allemagne et les autres. Dans ce domaine, rien n’a vraiment changé depuis trois ans.
Une autre explication plus franco française serait que le taux de croissance à long terme a encore nettement baissé. Dans cette hypothèse, il serait urgent de mener des changements structurels profonds. Selon ce qu’on imagine être les freins de la croissance, ce sera alors pour favoriser la recherche et sa traduction dans les entreprises (ce chantier est en cours, mais à quel vitesse et avec quel effet ?), pour rétablir notre compétitivité par rapport à notre voisin d’outre Rhin (qui pour faire dans la caricature a décidé de repasser à 40 heures payées 35 alors que nous sommes passés à 35 heures payées 39), pour libérer l’initiative économique (où sont passées les recommandations du rapport Attali ?) ou pour que l’Etat cesse d’assécher les ressources disponibles pour l’économie pour financer son endettement…
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