Obésité, pollution atmosphérique ou pesticides, de nouveaux risques se développent, au point pour certains de menacer les progrès de l’espérance de vie. Si les questions sont réelles, elle révèlent aussi les fantasmes ou l’ignorance sur les conditions de vie il y a 50 ou 100 ans, ainsi qu’une vision déformée des risques liés à nos comportements ou à ceux de la société.
Mon article faisant 4 pages, je le publierai en plusieurs fois
L’obésité
L’obésité est en développement dans tous les pays industrialisés et il est frappant de voir aux USA ces personnes qui semblent dépasser non pas les 100 kg, mais les 150 ou les 200. Le phénomène existe aussi dans notre pays, même si c’est à un degré moindre.
Les laboratoires Roche réalisent tous les 3 ans depuis 1997, conjointement avec l’INSERM, une enquête sur le sujet, qui montre les progrès inquiétants du sur poids et de l’obésité. Le surpoids est défini comme correspondant à un IMC (indice de matière corporelle) compris entre 25 et 30, l’obésité à un IMC supérieur à 30. L’IMC correspondant au poids en kilo divisé par le carré de la taille en mètres, un IMC de 25 correspond à un poids de 64 kg pour une personne de 1.60 m et de 81 kg pour une personne de 1.80 m, tandis qu’un IMC de 30 correspond à un poids de 76.8 kg pour une personne de 1.60 m et de 97.2 kg pour une personne de 1.80 m. L’obésité est jugée sévère au-delà d’un IMC de 35 et massive au-delà de 40.
L’enquête étant auto administrée, elle comporte des biais, soulignés dans le point de vue de l’expert après la description de la méthodologie. Il est probable que l’enquête sous estime la prévalence de l’obésité, mais sa répétition à l’identique tous les 3 ans permet des comparaisons beaucoup moins suspectes de biais.
Sur 12 ans, l’étude constate une augmentation de la taille moyenne de la population de 0.5 cm et une augmentation du poids moyen de 3.1kg. Dans le même temps, l’IMC moyen est passé de 24.3kg/m2 à 25.3 kg/m2. Toujours sur 12 ans, la proportion d’adultes français en sur poids est passé de 29.8 à 31.9% et celle des français obèses est passée de 8.2 à 13.4%.
L’obésité massive est passée de 0.3 à 1.1% de la population, l’obésité sévère de 1.2% à 2.8%. Pour une taille de 1.60m, l’obésité sévère démarre à 93.6 kg et l’obésité massive à 106.4 kg, les chiffres étant respectivement de 113.4 et de 129.6 kg pour une taille de 1.80m. L’extrapolation des résultats à la population française donne près de 6.5 millions d’obèses, dont près de 500 000 massivement.
Il est à noter que le poids augmente avec l’âge, l’IMC moyen se situant à 22.4 entre 18 et 24 ans et à 26.4 au-delà de 65 ans. Il y a plus d’hommes que de femmes en surpoids (38.5 contre 26%), mais il y a plus de femmes obèses (15.1 contre 13.9%), et leur nombre, en particulier pour les cas les plus graves, augmente plus vite que chez les hommes.
La population grossit, mais quelles sont les conséquences sur sa santé ?. L’étude étudie le lien entre le poids et la santé comme le note la conclusion :
Les enquêtes ObÉpi ont pu évaluer en partie ces risques en étudiant les traitements médicamenteux pour hypertension artérielle, dyslipidémie et diabète. Le surpoids et l’obésité multiplient respectivement par 2 et 4 la prévalence de l’HTA, par 2 et 3 celle de la dyslipidémie, et par 3 et 7 celle du diabète de type 2 qu’il soit sous régime seul ou traité par les antidiabétiques. Au cours des 12 années écoulées,la fréquence de ces pathologies a augmenté non seulement à l’aune de l’augmentation du poids mais aussi au sein même de chacune des classes de corpulence. Les conséquences de la progression du surpoids et de l’obésité en termes de santé (développement du diabète et de ses conséquences) et médico économiques deviennent une véritable préoccupation de la Santé Publique en France comme dans les autres pays.
On notera ci que la proportion de personnes traitées pour hypertension artérielle augmente dans le temps, y compris au sein d’une catégorie de poids, ce qui suppose, soit qu’il y a d’autres facteurs de risques qui ont évolué, soit que ces problèmes sont mieux suivis qu’avant (ce qui est probable).
L’étude précise que les risques de mortalité s’observent non pas en cas de surpoids (le risque vital pourrait être au plus bas pour un IMC de 27) mais pour les situations d’obésité (au-delà de 30). L’impact sur la mortalité n’est pas mesuré avec précision. Un site spécialisé note ainsi que « Le célèbre journal médical américain JAMA s'interroge sur les variations de ce chiffre tel que rapporté dans différentes enquêtes épidémiologiques, toutes publiées récemment (entre 1999 et 2005). Ainsi un premier article concluait à un nombre de décès attribuables à l'obésité de 112 000 en 2000 aux Etats-Unis, tandis que deux autres auteurs l'estimaient à 414 000, ou bien 280 000 pour une période antérieure (1991). » On notera que le nombre de décès totaux aux US est de l’ordre de 2.6 millions par an.
Il est probable que l’obésité soit un facteur aggravant parmi d’autres : chiffrer son impact est donc difficile. Il n’y a cependant guère de doute que pour ceux qui atteignent des poids élevés (obésité massive) voire très élevés (ceux qui dépassent les 150 ou 200 kg), les conditions de vie sont dégradées et le risque de mortalité prématurée réel.
La montée de l’obésité menace t-elle les progrès de l’espérance de vie, au point de faire baisser celle-ci? En l’absence de chiffrage précis de son impact, il n’est possible que de constater que ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il y a cependant un risque important, si l’on en juge par les recommandations sur le fait de manger 5 légumes ou fruits par jour (recommandation vagu il est vrai, quand on connaît la différence de taille selon les variétés de fruit)
à suivre
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