Après l'obésité et la pollution de l'air, abordons une autre menace sanitaire insidieuse car elle ne se voit pas, celle des pesticides répandus abondamment par les jardiniers amateurs ou les professionnels de l'agriculture
L’étude de 2004 de la Commission d’orientation du Plan national santé environnement aborde la question de la pollution des sols agricoles, celle de l’eau et celle des aliments. Page 28 on peut lire le texte suivant :
L’évolution de l’agriculture au cours des dernières décennies avait pour objectif d’assurer un approvisionnement régulier et suffisant en denrées végétales et animales diversifiées. Elle a cependant généré des risques par l’utilisation largement répandue de produits phytopharmaceutiques (ou pesticides) destinés à protéger les plantes cultivées des insectes et autres ravageurs, des moisissures et champignons et des plantes concurrentes. Certains de ces pesticides se sont par la suite révélés toxiques ou cancérogènes pour l’homme, et, s’ils sont désormais interdits, plusieurs d’entre eux sont rémanents et se retrouvent encore actuellement dans les sols, à l’exemple du chlordécone retrouvé dans des sols de bananeraies en Guadeloupe et en Martinique, dix ans après leur interdiction. Le risque lié à l’exposition aux pesticides est un sujet de préoccupation constant de la population
page 29 encore : L’exposition aux pesticides pourrait être la cause de l’augmentation du risque de certains cancers (en particulier des lymphomes non hodgkiniens), de troubles de la reproduction et des effets endocriniens adverses (en particulier infertilité masculine et malformations congénitales de l’appareil génital masculin), ainsi que de troubles neurologiques. Aucune de ces hypothèses n’a aujourd’hui reçu de preuve irréfutable
Page 31 et 32, le rapport explique les conditions fixées par les instances chargées de l'autorisation de mise sur le marché pour donner le feu vert à un produit du type pesticide, l’une de ces conditions étant le fait qu’ils s’éliminent naturellement avec le temps.
Le chapitre sur l’eau destinée à la consommation humaine, à partir de la page 55, aborde la question de la pollution par les nitrates et les pesticides. Comme sur d’autres points, le rapport souligne que les connaissances scientifiques demandent à être améliorées. Parmi les dangers avérés, il met surtout en avant les épidémies de gastro entérites. Il note en toute fin que l’augmentation de la consommation d’eaux conditionnées fortement minéralisées ne fait pas l’objet d’une attention suffisante
Le chapitre suivant aborde la contamination environnementale des aliments. Les pesticides sont évoqués page 65 pour noter que si les produits actuels s’éliminent rapidement, les produits aujourd’hui interdits restent encore présents dans certains sols. Les effets sanitaires potentiels sont insuffisamment documentés, au regard du nombre de produits et de la variabilité de leur emploi. Une des hypothèses les moins controversées concerne l’augmentation du risque de lymphomes non hodgkiniens.
Un rapport de l’OMS en 2003 note que les conséquences des pesticides sur la santé sont inacceptables, et que les pays les plus touchés sont ceux en développement
En cherchant pesticides+ mortalité sur Internet, on trouve surtout des documents concernant les abeilles, y compris quand on précise mortalité humaine. Un site de l’IEGRE (institut européen pour une gestion raisonnée de l’environnement) estime que les OGM seraient la meilleure solution pour limiter l’usage des pesticides et note que la réduction de l’utilisation du DDT accusée de tuer les oiseaux s’est traduit par une forte augmentation de la mortalité humaine pour cause de malaria : comme on le voit, les avis sur les sujet peuvent être variés !
A noter au final que si les pesticides sont manifestement des produits à surveiller, la conclusion de la lecture du rapport de 2004 sur les risques environnementaux serait apparemment que le risque est en réduction du fait de l’interdiction des produits les plus stables dans le temps. On n’est pas loin de la situation de la pollution de l’air.
En guise de conclusion
A l’analyse, il semblerait que les risques réels des pesticides ou le la pollution de l’air ne menace pas l’espérance de vie demain, parce que le danger ayant été identifié, il est plutôt en diminution. Il n’en est pas encore de même pour l’obésité : le fait que les enquêtes Roche/ Inserm datent seulement de 1997 montre bien quand s’est faite la prise de conscience. Combien faudra t-il de temps pour que cette prise de conscience se traduise par une diminution du risque ? Difficile à savoir évidemment.
Ce qui est frappant, c’est que les discours inquiets portent sur des risques relativement ténus mais collectifs. Dans le même temps, une étude chiffre à 14 ans le gain d’espérance de vie possible en évitant alcool et tabac, en ayant une alimentation équilibré et en faisant suffisamment d’activité physique ce qui renvoie aux comportements individuels. N’est ce pas révélateur d’une population devenue méfiante envers les gouvernants, mais qui ne souhaite pas remettre en cause ses comportements, même quand elle les sait malsains ? En réalité les risques qui font peur aux français sont traités par la collectivité, même si on pourra toujours trouver que ce n’est pas assez vite.
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