On ne rendra pas la société plus vertueuse par la tricherie et les coups tordus. Un journaliste ne peut lutter efficacement contre la corruption en reprenant sans les vérifier les affirmations de personnes bien intentionnées. La lutte contre la corruption ne peut s’appuyer sur les procédés qui sont justement à la base de la corruption, au risque de ne jamais atteindre ses objectifs
Les commentateurs de mon article précédent me trouvent manifestement trop sévère vis-à-vis d’un journaliste alors qu’ils trouvent utile de révéler les errements de nos élus. L’un d’eux précise que si le politique concerné s’estime diffamé, il peut toujours demander un droit de réponse ou faire un procès pour diffamation. Un autre note que pour un sujet aussi primordial que la corruption, on peut se permettre de casser des oeufs
J’avoue que ces arguments me laissent pantois et très inquiet de l’évolution de notre pays. La méfiance en est donc arrivée à un tel niveau que le méthodes les plus basses paraissent légitimes, si elles sont dirigées contre ceux à qui on ne fait pas confiance ?
Imaginons que j’affirme sur ce blog que B. et X. sont par exemple des pédophiles, pour choisir un vice particulièrement considéré comme odieux, et tant que j’y suis, que je publie leur adresse mail, qu’ils sont obligés de fournir pour commenter. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas dire qu’ils vendent sur Internet des photos d’enfants nus ? Imaginons qu’ils me fassent un procès qu’ils gagnent, il y aura toujours des gens qui auront eu vent de mes allégations et qui n’auront pas suivi leur procès ni son résultat
Il en est de même pour le président du Conseil général attaqué. Plus il se défendra, plus il fera connaître les attaques dont il est l’objet. Et même s’il gagnait un procès en diffamation, il y aurait toujours des gens pour penser qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que tout cela cache quelque chose de pas net
Pensez donc que deux de mes commentateurs habituels (dont j’avoue en passant n’avoir aucune idée des pratiques sexuelles évidemment) qui jusqu’à présent ont fait preuve de retenue même quand ils n’étaient pas d’accord avec moi, sur un blog que j’imaginais sérieux, donc ces deux commentateurs, sont prêts à croire sur parole un type dont je leur ai démontré preuve à l’appui qu’il a fait un travail de sagouin. Tout cela parce que les propos avancés rejoignent une de leur conviction : beaucoup d’élus profitent du système.
Ce sont peu ou prou les mêmes logiques qui ont fait Outreau. Ce sont les mêmes logiques qui amènent à refuser la justice pour protéger une institution, de la part des militaires contre Dreyfus, de l’EN ou de l’Eglise protégeant les éducateurs ou prêtres pédophiles. A chaque fois, la fin justifie des moyens pas très propres et on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, !
Comme l’affirme mon titre, je ne crois pas que l’on peut faire progresser les lois et les pratiques par des coups bas et des attaques sans preuve. D’ailleurs, l’article de France soir, s’il a été remarqué par la télévision régionale concernée, na eu aucun écho dans la presse, les autres journaux ayant jugé de la « valeur » de l’article.
Je crois surtout que la fin est dans les moyens, et que si on veut développer une société vertueuse, on ne peut le faire avec des moyens dont les fondements sont en contradiction avec ce que l’on veut construire.
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