Ce qui se passe à Fukushima est en train de fermer toute perspectives d’avenir pour le développement d’une filière nucléaire dans les pays démocratiques, les citoyens n’étant plus prêt à prendre le risque de nouveaux incidents
L’accident japonais a été classé hier par l’Autorité de Sûreté Nucléaire ( française) au niveau 6 de l’échelle INES, ce qui correspond à un accident grave endommageant gravement la centrale et provoquant des rejets importants susceptibles d’exiger l’application intégrale des contre-mesures prévues.
Il pourrait passer au niveau 7, comme celui de Tchernobyl, avec un rejet majeur provoquant des effets considérables sur la santé et l’environnement.
L’ASN, qui informe régulièrement et précisément sur la situation, nous explique qu’après les difficultés dans le cœur des réacteurs 1, 2 et 3 qui ont été arrêtés à la suite du séisme, il y a des problèmes avec les barres de combustible du réacteur 4 pourtant en phase de maintenance, la piscine contenant les barres n’étant plus alimentée en eau,
Dans tous les cas, le séisme a semble t’il rendu inopérant les circuits d’alimentation en eau, qui permettent d’évacuer la chaleur produite par les réactions nucléaires incessantes dans du matériau radio actif.
On en saura sans doute plus dans quelques temps.
Quelque soit le bilan de l’accident, les citoyens retiendront qu’une nouvelle fois, les responsables nucléaires auront été incapables d’éviter de graves dommages à l’environnement. Dans le cas de Tchernobyl, on pouvait prétendre qu’il y avait une situation particulière liée au régime communiste, aggravée par la désorganisation propre à la fin proche du régime.
Au-delà du fait qu’un deuxième accident ne peut plus être considéré comme une exception, le Japon est considéré à juste titre comme un pays de très haute technologie, et qui pour des raisons historiques n’a certainement pas envie de plaisanter avec le nucléaire.
Bien sûr, l’ampleur du séisme explique l’accident, et tous les pays ne sont pas de ce point de vue dans la situation du Japon. Mais le citoyen moyen ne se contentera certainement pas de cette explication.
La conséquence parait incontournable : aucun pays démocratiques ne construira de nouvelle centrales avant très longtemps, il est probable qu’ITER sera arrêté, et les autorités auront beaucoup d mal à obtenir la prolongation 10 ou 20 ans de plus des centrales arrivés au bout de la période de fonctionnement prévue initialement.
Cela n’arrangera certainement pas les finances de notre pays, mais on n’imagine pas une gauche revenue au pouvoir avec des écologistes en nombre important ne pas bloquer tout avenir à la filière en France
Mes lecteurs habituels imaginent que je ne suis pas favorable à une politique de nationalisation de entreprises, l’État n’étant pas le mieux placé sur le marché : je suis plutôt favorable aux privatisations.
EDF ( et sans doute la SNCF) a toujours fait pour moi office d’exception, justement à cause du nucléaire. L’examen des entreprises nationalisées montre que les dirigeants, faute d’avoir les mains libres sur la politique économique et organisationnelle, se réfugient dans la technique et le cas échéant la sécurité. Dans le cas d’EDF, je trouve que c’est plutôt une bonne chose.
Par contre, je trouvais que la concentration des ingénieurs les plus doués (les 12 premiers de Polytechnique et quelques élèves des Mines ou de Normale sup) dans un corps des mines au sein du ministre de l’industrie, était du gâchis, notamment pour la recherche. Il faut reconnaître que de mettre par dizaine de ces ingénieurs dans la direction ou le contrôle du nucléaire a aussi des avantages.
Les commentaires récents