La journée d’action syndicale de mardi montrera sans doute la détermination d’un grand nombre de personnes contre la réforme des retraites. On a l’impression que tous les arguments ont été développés sur le sujet. Et pourtant, l’actualité nous en donne de nouveaux
Certains opposants au projet gouvernemental mettent en avant le faible taux d’activité des seniors pour expliquer que les nouvelles règles serviront essentiellement à baisser le niveau des pensions. En réalité, c’est un double mensonge, d’une part parce que les années de chômage comptent dans le nombre de trimestres, d’autre part parce que la plupart de ceux qui arrêtent de travailler avant de pouvoir faire valoir leur droit à la retraite le font de leur plein gré, dans le cadre de procédures de licenciement collectif ou de rupture conventionnelle notamment ;
Les dernières statistiques du chômage montrent cependant que le prolongement des carrières est tout à fait possible, qu’il est d’ailleurs en train de se faire, lentement certes. C’est justement pour accélérer le phénomène que le gouvernement veut faire sauter le verrou des départs à 60 ans.
Jeudi dernier, ont été publiées les statistiques pour le deuxième semestre 2010. Elles font apparaître une baisse notable du taux de chômage des plus de 50 ans, qui perd 0.5% quand le taux global perd seulement 0.2%. En France métropolitaine, ce taux se situe dorénavant à 6.1% contre 9.3% pour l’ensemble.
Sur un an, l’évolution est la même pour les plus de 50 ans que pour l’ensemble de la population active (+ 0.2%). La fin programmée des dispenses de recherche d’emploi aurait pourtant pu provoquer un décrochage ; Le fait qu’il n’en soit rien confirme la prédominance dans les départs de départs choisis, et l’adaptation progressive des personnes concernées aux nouvelles règles.
Si l’on observe maintenant le taux d’emploi, en prenant ce que les statisticiens appellent le taux d’emploi sous jacent (pour écarter l’effet de la déformation de la pyramide des âges liée au baby boom) a augmenté de 0.4% sur le trimestre et de 1% sur un an.
L’augmentation sur un an est faible : elle équivaut à un départ retardé d’un dixième d’année, un peu plus d’un mois. Le rythme est insuffisant au regard des progrès de l’espérance de vie (il faudrait au moins le double), d’où la nécessité de nouvelles mesures pour accélérer le mouvement.
A propos de nouvelles mesures, il en est une qui va provisoirement au moins dans le mauvais sens, celle qui consiste à supprimer la possibilité pour ceux qui ont éduqué trois enfants, de partir au bout de 15 ans de carrière. Cette possibilité étant supprimée à partir de 2011, ceux qui sont concernés sont invités s’ils le souhaitent à faire valoir leurs droits avant la fin de l’année.
Je vois donc autour de moi un certains nombres de personnes qui ont déjà décidé de partir ou sont en train d’y réfléchir sérieusement, alors que ce n’était pas forcément dans leur projet. Le mouvement est pour moi d’autant plus impressionnant que j’ai beaucoup de famille et d’amis dans cette tranche d’âge, avec une proportion sans doute supérieure à la moyenne de familles nombreuses.
A regarder ce qui se passe donc dans mon entourage, il risque de manquer bientôt de professeurs et d’infirmières. Encore que l’infirmière concernée de mes amis compte se remettre au travail dans un autre cadre dès qu’elle sera retraitée !
J’ai pu constater également cette été que la fin de la DRE ne signifie pas que les entreprises ont renoncées à faire payer leurs restructurations par les Assedics : un mien cousin, âgé de 61 ans mais ayant commencé à travailler vers 23 ans pour cause de bac+5, va ainsi quitter son entreprise dans le cadre d’une transaction, pour pointer au chômage pendant environ 2 ans.
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