Ceux qui ont eu un arrêt maladie pour cause de dépression risquent plus de se suicider que les autres. C’est une étude de l’INSERM qui vient d’aboutir à cette conclusion qui pourrait servir à prévenir les suicides, alors que les partenaires sociaux viennent de signer un accord sur le harcèlement
Les personnes qui ont posé un arrêt de travail pour des raisons psychiatriques ont un risque de mortalité plus élevée que les autres. en particulier en raison de suicides plus fréquents. C’est l’une des conclusions tirées d’une étude faite par l’INSERM depuis les années 90 autour d’une cohorte de 20 000 personnes.
Plusieurs commentateurs de journaux ont pensé qu’il s’agissait ici d’enfoncer une porte ouverte. En effet, ce n’est pas tant le résultat affiché qui est utile que la mesure de l’augmentation du risque. Celui-ci est en effet quintuplé pour ceux quoi ont eu un arrêt de travail d’au moins 7 jours (pour dépression dans 59 % des cas, les troubles liés à l’alcool pour 5% et les autres pathologies pour 36%.)
Les problèmes psychiatriques concerneraient un jour ou l’autre entre 30 et 50% de la population. Sur une période de 3 ans, 6.5% des personnes de la cohorte étudiée (âgés de 35 à 50 ans) ont eu un arrêt. Sur une période plus longue il y en a évidemment plus
Prenons pour avoir un ordre de grandeur une part de 40% des salariés qui auraient au moins une fois dans leur carrière un arrêt de travail de 7 jours pour cette cause. Si le risque de suicide est 5 fois plus élevé chez eux que pour les 60% d’autres, un calcul rapide montre que 77% environ des suicidés seront issus des seuls 40% de salariés qui ont eu un arrêt
Cela peut donc un moyen dans une entreprise de donner une attention particulière à un salarié. Avec la difficulté importante du secret médical qui fait que l’encadrement ne sait pas forcément la cause de l’arrêt de maladie. Il faudrait probablement passer par la médecine du travail.
La responsable de l’étude estime qu’on a ainsi identifié un « marqueur » du risque, pour une politique de prévention.
On notera cependant que les résultats statistiques donnent eux aussi depuis longtemps des indices précieux sur les différences de risque selon le sexe et l’âge. Les hommes se suicident ainsi environ 3 fois plus que les femmes. Le taux de suicide augmente avec l’âge (un peu irrégulièrement, il y a un premier pic autour de 50 ans, avant une baisse et une nouvelle et forte hausse) au point que pour les hommes, le taux de suicide et 10 fois plus élevé après 85 ans qu’entre 15 et 24 ans.
Une note optimiste pour finir : le taux de suicides est en baisse en France depuis 25 ans, assez nettement (moins 30% environ).
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