Un adulte sur quatre ne vit pas en couple, contre un sur six il y a 25 ans. C’est une des principales données d’une étude de l’INSEE sur la vie en couple qui vient de paraître. Je vais me risquer à faire des hypothèses d’explication à cette évolution.
De 1982 à 2006, la proportion des
30/ 59 ans vivant en couple est passé de 83 à 74 % pour les hommes et de 83 à
72% à pour les femmes. La différence de comportement entre générations apparaît
clairement chez les femmes, chez qui on constate une baisse régulière du taux
de vie en couple avec l’âge. L’étude montre que la part de femmes en couple est
plus faible d’environ 4 points, quelque soit l’âge, pour les femmes né en 1959
que pour celles nées en 1951.
Celles nées en 1968 ou 1975
pourraient avoir un comportement différent : elles se mettent plus tard en
couple mais la proportion augmente encore entre 30 et 40 ans, contrairement à
ce qui se passait pour leurs aînées
Si l’on examine les personnes
plus âgées, on note une nette augmentation du nombre de personnes en couple sur
les 20 dernières années. A chaque tranche d’âge, la proportion augmente
d’environ dix points pour les femmes, d’une valeur plus faible pour les hommes.
La raison est simple, elle
s’appelle espérance de vie. Tout simplement, les femmes de 70 ans sont moins
souvent veuves aujourd’hui qu’hier. Par ailleurs, les veuves sont nettement plus
nombreuses que les veufs, ce qui n’est pas une surprise.
Chez les moins de trente ans, la vie en couple a baissé
d’une vingtaine de points depuis 1982, Pour l’INSEE, « les premières
unions devenaient plus tardives, mais aussi plus fragiles. ». La situation
s’est stabilisée depuis 1999. Il en est de même de la fécondité des femmes de
moins de 30 ans qui a cessé de baisser.
Si on revient aux 30/ 60 ans, on peut constater avec
l’INSEE que la désaffection vis-à-vis de la vie de couple a dépendu du diplôme.
Si on met à part les non qualifiées (niveau VI de l’EN), plus les femmes
étaient diplômées, moins elles étaient en couple.
C’est encore le cas pour les
femmes de 50 à 60 ans. L’écart était de près de 10 points entre les titulaires
d’un CAP et les titulaires d’un bac +5. Les non qualifiées se situaient à un
niveau intermédiaire.
La situation n’est plus la même chez les 35 ans : il n’y a plus de différence parmi les diplômées, par contre les non qualifiées sont moins souvent en couple que les autres (l’écart atteint une dizaine de points). C’est aussi parmi cette population que l’on trouve le plus de mères seules.
Chez les hommes, la situation est plus simple :
quelque soit l’âge, le taux de vie en couple ne dépend guère du diplôme obtenu,
mais les sans diplômes sont moins en couple, l’écart étant de près de 10%
Tentons quelques explications.
La baisse de la vie en couple a probablement d’abord une
raison économique : l’augmentation du niveau de vie rend économiquement
plus attrayant (ou tout simplement réalisable) la vie seul.
L’augmentation du taux d’activité des femmes donne
à celles-ci les moyens de l’autonomie, particulièrement pour les plus
diplômées.
Par contre, le système d’aides existant en France fait
qu’il n’est sans doute pas spécialement avantageux économiquement pour une
femme non qualifiée de se mettre en couple avec un homme du même niveau de
qualification qu’elle, lequel sera souvent au chômage ou dans une situation d’emploi
précaire.
Il y a aussi une explication sociale, ou du moins il y en avait une. On observait en effet que les hommes répugnant à se mettre en couple avec une femme plus diplômées qu’eux, les femmes très diplômées et les hommes non qualifiées se trouvaient exclus du système. On ne peut que constater que cette explication n’est plus valable. Est-ce que les couples ne se construisent plus de la même manière ?
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