Le niveau de rémunération atteint par certaines personnes, généralement connues, atteint des sommets qui surprennent ceux qui en prennent connaissance et participent de la méfiance vis-à-vis des élites. Il y a parfois une justification économique.. mais pas toujours !
Ma sœur aînée m’a fait suivre il y a quelques jours un mail qui reprenait le salaire mensuel d’animateurs télé, qui s’étageaient entre 9 000 et 105 000 euros, en me demandant si cela était possible. Je lui ai répondu que oui, sans lui préciser que je ne connaissais même pas celui qui était censé avoir le plus gros salaire, et que si je connaissais le nom de celle qui venait après, j’aurais été incapable de dire ce qu’elle faisait !
Il est vrai que les moins bien payés de la liste n’étaient que journalistes, alors que les autres étaient des animateurs !
Il parait aussi que Domenech a touché plus de 800 000 euros de prime pour avoir réussi à qualifier l’équipe de France pour la coupe du Monde.
Le Monde explique ce soir que « les rémunérations des dirigeants ont nettement baissé en 2008 ». Les patrons du CAC 40 ont ainsi gagné en moyenne 3.6 millions d’euros dans l’année, soit une baisse de 20% sur l’année précédente, qui était déjà en baisse de 17% sur l’année d’avant.
Il faut dire qu’au sein du CAC 120, la rémunération des dirigeants est composée en moyenne de 30% de salaire, 35% de bonus et 35% d’actions gratuites ou de stock options.
16 patrons du CAC 40 se situe au dessus d’un seuil fixé à 4.6 millions d’euros, soit 240 fois le SMIC annuel.
Rappelons que 90% des salariés gagnaient en 2006 un salaire mensuel net inférieur à 3084 euros, ce qui correspond à peu près à un salaire annuel brut en 2009 de 54 000 euros.
Pourquoi ces montants astronomiques ? Une des explications se trouve dans le fait que les gros salaires , en dehors de la direction de très grosses entreprises, correspondent souvent à des activités à coûts fixes élevées et coûts marginaux très faibles.
Dit autrement, faire des émissions coûte très cher à TF1, avoir un point d’audience en plus ou en moins ne correspond pas à un coût particulier mais change nettement les recettes. Conclusion, si le choix de tel animateur lui permet de faire 3 ou 5 points d’audience supplémentaires, il faut le recruter, quasiment à n’importe quel prix.
De même, si un club de football recrute un joueur qui augmente significativement ses chances de gagner, il trouvera en retour des recettes diverses, liées aux nombre de spectateurs, ou à des qualifications à des matchs supplémentaires générateurs de recettes importantes (par exemple participation à une coupe européenne).
Si le fait d’avoir Depardieu ou Auteuil dans la distribution attire le chaland au point d’augmenter le nombre de spectateurs de 20 ou 50%, les réalisateurs vont s’arracher ces vedettes à prix d’or.
Ceci dit, la position de force dans la négociation salariale du joueur de football suppose que le nombre de vraiment très bons joueurs est très limité. J’avoue avoir du mal à croire la même chose pour les animateurs de télévision ! Mais il est probable que, comme pour les acteurs, la réputation compte autant que le talent.
Les auteurs (de livres, chansons ou films) payés au pourcentage des ventes ont évidemment une rémunération qui peut être très élevés, encore qu’elle soit aujourd’hui menacée par les évolutions techniques (le téléchargement)
Le cas des traders est différent. De ce que j’en ai compris, tout se passe comme si leur employeur leur fournissait le matériel (ce n’est pas le plus cher) la mise initiale (éventuellement très importante) et la garantie de paiement pour « jouer » et qu’ils rétrocédaient une partie de leurs gains en compensation.
Dans cette configuration, les meilleurs négocient la partie des gains qu’ils gardent pour eux, avec la possibilité de passer chez le concurrent qui leur propose un plus gros pourcentage. Mais je simplifie peut être outrageusement.
Mon opinion est que l’augmentation du nombre de situations « coûts fixes élevés et coûts marginaux faibles » inhérents à la société de spectacle a justifié économiquement l’augmentation de certaines rémunérations et qu’elle a ensuite contaminé idéologiquement d’autres secteurs, notamment parmi les cadres très supérieurs et les dirigeants.
Mais il m’est impossible de dire si c’est le salaire du patron de PSA qui est aujourd’hui nettement plus élevé que ne le voudrait une logique purement économique, et ce pour des raisons idéologiques, ou si c’est celui de son prédécesseur il y a trente ans qui était anormalement bas pour des raisons idéologiques : d’une part parce que je baigne moi-même dans des a priori idéologiques, d’autre part parce que c’est très difficile à mesurer.
L’une des difficultés vient du fait que effectivement un très bon patron peut changer fondamentalement le résultat (voir comment par exemple Christian Blanc a fait radicalement la différence chez Air France) mais que l’on paye en fait cher tous les patrons(son prédécesseur Bernard Attali devait être payé pareil) et que s’ils échouent, ils ont un parachute doré !
Mais j’attaque ici les patrons,alors que spontanément je pense qu’un patron qui gagne mettons 30 000 euros par mois mérite probablement beaucoup plus son salaire (par ses compétences et son travail) que l’animateur de télé qui gagne la même chose.
Mais il s’agit ici d’une opinion spontanée et non d’un raisonnement.
Des réflexions pour rationaliser les critères de rémunération existent évidemment, ne serait ce que dans les systèmes de classification. J’y reviendrais peut être un jour, mais on va s’arrêter ici pour cette fois !
Les commentaires récents