Les derniers jours de la RDA commencèrent au printemps 1989 avec l’ouverture du Rideau de Fer par le gouvernement hongrois. C’est à partir de là que les fondations du bloc de l’Est se lézardèrent. Le parti et la direction de l’état en RDA n’avaient pas perçu les signes des temps. Après cette ouverture de la frontière, le mécontentement de la population face à la situation politique et économique en RDA comme dans les autres pays du bloc de l’Est conduisit inexorablement à la fin du système. La population est-allemande, à partir du printemps, commença à fuir en masse la RDA en passant par la Hongrie.
Elle utilisa les ambassades ouest-allemandes des pays socialistes voisins comme lieux d'asile, en les occupant. Des milliers de personnes s’étaient réfugiées dans les missions de la RFA à Varsovie et Prague. De nombreux citoyens de la RDA furent officiellement expulsés de leur pays.
Le point culminant fut l’occupation de l’ambassade de RFA à Prague fin septembre 1989 par des. Plus de 3.000 citoyens est-allemands avaient fui la RDA et attendaient un départ vers la RFA. Genscher, ministre des Affaires étrangères de RFA, vint 1er octobre 1989. Il ne pu terminer sa célèbre « Déclaration du balcon de Prague ». Avant qu'il ne puisse déclarer que les réfugiés étaient autorisés à quitter l'enceinte de l'ambassade, il y eut une explosion de joie frénétique. Ce fut et c’est toujours l'un des moments les plus émouvants des derniers jours de la RDA. Sans l’attitude ouverte de Gorbatchev, rien de cela n'aurait été possible.
Retour sur le début de la fin : Le 40° anniversaire de la fondation de la RDA, le 7 octobre 1989, devait être le point culminant de la vie politique et sociale de la RDA avec comme d’habitudeune retraite aux flambeaux de la FDJ (Jeunesse libre allemande, mouvement de jeunesse unique) et une parade militaire devant le bureau politique du SED. Gorbatchev était présent en tant qu’invité d’honneur. Mais ceux qui criaient « Gorby » étaient déjà suspects ! A un journaliste qui l’interviewait à propos de la rénovation de la politique de la RDA, Grbatchev répondit par la phrase célèbre : « Celui qui arrive trop tard est puni par la vie ».
Le bureau politique du SEDémettait des hypothèses sur la contre-révolution. Le fossé entre les citoyens et le gouvernement et le SED était pourtant évident. A cette époque, la majorité des citoyens est-allemands ne réclamait pas la dissolution de l'Etat, mais une démocratisation pour plus de liberté politique et la liberté de voyager.
Le 9 octobre 1989, deux jours après l'anniversaire de la fondation de la RDA, , après une prière pour la paix dans l'église St Nicolas à Leipzig, 70.000 personnes manifestèrent toute la soirée dans le centre-ville en criant haut et fort: "Nous sommes le peuple !"Les imposantes forces de l’ordre stationnées dans les rues voisines, furent comme paralysées, parce qu'elles faisaient aussi partie du peuple.
Une semaine plus tard, à Leipzig, 120.000 personnes scandaient «Gorby!, Gorby!". Les médias de RDA commencent alors à parler de changements, à sortir lentement, trop lentement, de leur torpeur bureaucratique, le bureau politique du SED parla de rénovation, cela ne servit pas à grand chose.
Erich Honecker, secrétaire général du SED et président du Conseil d'Etat, fut renversé et démis de ses fonctions. Comme pour le départ de nombreux dictateurs, on prétexta des raisons de santé. Egon Krenz devint nouveau chef de l'Etat. Mais Krenz n’était pas plus sympathique pour la population et le lundi suivant 150.000 personnes manifestaient à nouveau à Leipzig pour un changement de politique. Dans de nombreuses autres villes de RDA, se déroulaient des manifestations chaque lundi. Des groupes d'opposition, tels "Nouveau Forum" ou "Démocratie maintenant" et beaucoup d'autres, notamment religieux, se créèrent et s’investirent dans le nouveau mouvement d’opposition.
Le 4 novembre 1989, cinq jours avant la chute du Mur, se tint à Berlin sur l'Alexanderplatz, la plus grande manifestation de masse, en dehors de celles organisées par le SED, avec près de 1.000.000 de participants. Je pense que cette manifestation fut l’apogée.
Sous la pression d’en bas, c'est à dire du peuple, les frontières vers l'Ouest furent ouvertes le 9 novembre. Cette étape fut pour toute la population de RDA une surprise totale, personne ne s'attendait à une telle mesure. Jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas encore précisément expliqué cette déclaration de M Scharbowski. Était-ce juste un lapsus, était ce sa volonté, ou s’est-il agit du dernier acte désespéré du Politburo?
La dimension incompréhensible et imprévisible de l'ouverture du mur cette nuit-là, est illustrée par l'histoire suivante. Nous étions ce soir-là à une réunion du groupe d’opposition «Nouveau Forum» et débattions passionnément des changements politiques nécessaires et des moyens par lesquels on pourrait les mettre en route. Pour ces réunions, nous nous réunissions chaque semaine dans l'église protestante de Petershagen, dans la banlieue de Berlin. En cette période mouvementée et passionnante, les églises protestantes ouvraient leurs portes aux manifestations politiques de l'opposition.
Le 9 novembre 1989, nous étions environ 200 personnes. Au cours de la soirée, quelqu’un tout à coup a ouvert la porte de l'église, et a crié : «Les gars, le mur est ouvert ! » Nous nous sommes tournés vers le perturbateur et nous avons tous pensé qu'il s’agissait d’un fou !! Nous avons poursuivi nos discussions sans nous préoccuper de lui.Seules les informations tardives purent nous convaincre que quelque chose de fantastique se passait à moins de 20 km de cheznous. Beaucoup partirent cette nuit-là jusqu’au mur, pour s'assurer de leur propres yeux de ce qui était incroyable
Pour moi et beaucoup d'autres, c’est un miracle que cette modification de la situation mondiale ait pu s’accomplir sans intervention militaire de l'Etat, et sans qu’aucun coup de feu n’ait été tiré. Je pense que c'est un grand mérite des superpuissances Etats-Unis et l'ex-Union soviétique, ainsi que la France et l'Angleterre.
A partir de ce moment, tout s'est passé très vite et la fin de la RDA était inévitable. Les frontières étaient ouvertes. Chaque citoyen de la RDA pouvait voyager où il avait envie avec sa carte d'identité. Les Allemands de l'Ouest n’étaient pas encore autorisés à ce moment à entrer en RDA. Ceci a été possible à partir de Noël 1989. Enfin, la liberté de voyage était enfin commune aux deux Allemagnes. De nombreux Allemands de l'Est restèrent à l'Ouest et ne revinrent jamais. Le personnel qualifié diminuait.
Nous nous souvenons des premières élections libres pleines d’excitation au printemps 1990. L'Assemblée nationale de transition ratifia le traité d'unification et subsista six mois. Le 1er juillet 1990, le mark fut introduit en RDA comme moyen de payement. Seule la dernière étape restait à franchir et la RDA cessa d'exister le 3 octobre 1990.
- 11 mois après la chute du Mur
- 1 an après les fêtes du 40° anniversaire de la fondation de la RDA
- 29 ans après la construction du Mur
- 41 ans après la division en deux états allemands
La réunification de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest
Les événements de l'automne 1989 ont laissé des marques profondes dans le monde entier et modifié durablement le monde dans un sens positif. La situation entre les superpuissances, les États-Unis et la Russie s’est fondamentalement détendue. Les blocs ennemis ne se trouvent plus face à face, en situation de guerre froide car ils n'existent plus
Christof
PS : Merci à ma sœur et à mon beau frère pour la traduction de l’allemand de ces trois textes de Christof et Steffi
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