Les banques alimentaires organisaient ce week-end des collectes dans de nombreux supermarchés. Le processus utilisé correspond à un gaspillage d’énergie dépensée en logistique assez étonnant. La solution du don financier est évidemment plus pertinente pour un particulier
A la porte de mon super marché habituel était collée une affiche invitant les acheteurs à donner des denrées alimentaires non périssables à l’occasion de leur achat dans le magasin. Des personnes étaient occupées à trier les marchandises donnée dans la zone au-delà des caisses
. Pour se
rendre compte du gaspillage qui m’a frappé en voyant cette démarche, il faut
décrire le processus qui amène une marchandise alimentaire chez soi ou dans un
site de distribution alimentaire.
Imaginons par exemple une boîte de petits pois fabriquée chez Bonduelle ou ailleurs. Les petits pois cultivés puis ramassés à grande échelle avec des moyens mécanisés par un agriculteur, ont été traités dans l’usine toujours de manière mécanisée, puis la boîte s’est retrouvée emballée sur une palette avant que cette palette soit posée dans un camion qui l’a livrée dans une plate forme logistique de la grande distribution.
Jusque là, toutes les opérations ont été des opérations de masse. Le coût du chargement dans le camion, du transport vers la base logistique, puis son déchargement , est réparti entre l’ensemble des boîtes qui sont sur la même palette. Il est donc faible.
Si la banque alimentaire utilise
ses fonds financiers pour acheter des petits pois, la boîte peut être livrée au
sein d’une palette, soit à partir de l’usine elle même (peu probable sauf si
le centre de distribution de la banque alimentaire est vraiment grand), soit à
partir de la base logistique. Dans les deux cas, les coûts restent faibles.
Si la boite est obtenue par la
banque alimentaire dans le cadre de la collecte de ce week-end, le circuit est
évidemment plus long. Et renvoie au circuit normal de la distribution, celui
qui fait que la boîte peut se retrouver sur ma table de cuisine.
Le passage de la plate forme logistique au magasin se fait à partir d’une commande journalière faite par ce dernier. Un manutentionnaire va faire la même chose que ce que nous faisons avec notre caddy, sauf que les caddies sont un peu plus gros, qu’ils peuvent être plusieurs, accrochés derrière un petit véhicule à moteur. La manutentionnaire va passer entre les rayons où sont installées les palettes et prendre la commande (triée informatiquement dans l’ordre des rayons pour minimiser les déplacements.
Au lieu de prendre une seule
boîte de petits pois, il va en prendre un
(ou plusieurs) lots qui constitue à ce stade du circuit le niveau
intermédiaire entre l’unité et la palette. Le lot va généralement comprendre 8,
12 ou 16 boites, selon la taille de celles-ci.
L’ensemble du caddie sera ensuite
emballé et mis en camion pour être amenée au supermarché où il sera transporté
dans les rayons. Un manutentionnaire déballera ensuite le lot pour mettre les
boites une à une sur les rayons.
Le client prendra ensuite la
boite et l’amènera à la caisse où elle sera décomptée. S’il la remet à la
collecte, elle sera mise dans un carton, puis celui-ci transporté jusqu’à la
banque alimentaire et remis en rayon.
On a donc ici tout une partie de
processus logistique supplémentaire, partie fort coûteuse puisque la boîte
n’est plus traitée par palette entière mais par lot puis unitairement. Le lot
va ici être manipulé au moins deux fois (au centre logistique et dans le
magasin) et la boite six fois (par le manutentionnaire, le client, la
caissière, le client, et deux bénévoles de
la banque, dans le supermarché et dans le centre), sans compter le
transport d’un carton du magasin à la banque !
Que représente ce sur coût ?
Un montant important par rapport au prix de la boîte,que je ne connais évidemment pas. Une partie en est
réalisée bénévolement, mais cela ne l’empêche pas d’avoir été inutile. Il me
semble me souvenir que quand j’avais travaillé pour une base logistique il y a
près de 20 ans, le coût de la base pour un lot dépassait 1 franc.
Imaginons un client qui dépense 20 euros pour des denrées alimentaires lors de la collecte. Il peut faire un effort financier identique en donnant 80 euros directement à la banque et en bénéficiant d’une réduction d’impôts de 60 euros (75% de son don, ce qui est un taux à mon avis beaucoup trop élevé, mais c’est un autre sujet). Avec ces 80 euros, la banque peut acheter non pas 4 fois plus mais 5 ou 6 fois plus que les denrées remises, en achetant directement. Le circuit inutile n’ayant pas besoin d’être financé, la banque achète ses lots beaucoup moins cher que vous et moi.
Évidemment, si les banques alimentaires utilisent ce système peu efficace, c’est parce qu’il incite à donner des gens qui ne le ferraient pas par ailleurs. Mais si vous voulez vraiment les aider, envoyer leur de l’argent !
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