La crise économique est particulièrement forte en Espagne, avec un taux de chômage qui atteint des records. Pourtant, la visite de la deuxième ville d’Espagne, capitale de la Catalogne, donne une impression de dynamisme surprenante. Les nombreux chantiers réalisés ou en cours en sont la preuve
Les
monuments et les habitations de Barcelone montrent les temps forts de son
histoire :
les édifices religieux du 14ème
siècle (la cathédrale, Ste Maria del Pi et Ste Maria de la Mar) rappellent que
Barcelone est alors une capitale culturelle, qui a formé notamment le futur pape Sylvestre II
l’expansion de la ville de 1850 à 1930, avec des immeubles qui font penser à la période haussmannienne à Paris ou ceux de l’exposition universelle de 1929, la population de la ville passant de 235 à 1005 milliers d’habitants de 1857 à 1930
Les constructions de ces 30 dernières années, entre les édifices
bâtis pour les jeux olympiques de 1992 ou l’immeuble de 144 m construit en 2005
par Jean Nouvel.
Le dynamisme de la ville se traduit aujourd’hui par la construction d’une nouvelle ligne de métro, entièrement automatique. Celle-ci, d’une longueur de 48 km sera entièrement automatique et desservira notamment l’aéroport. Comment ne pas faire la comparaison avec le projet lancé par C Blanc dans le cadre du Grand Paris, sauf pour souligner l’avance que Barcelone a sur Paris ?
Il existe en effet déjà 9 lignes de métro, dont 2 construites depuis 1995, a coté de 109 lignes de bus et de 4 de tramway (qui datent de 2004) et de l’équivalent d’un RER
Mais le plus impressionnant et
étonnant à la fois est la poursuite de la construction d’une grande église,
celle de la Sagra Familia.
Impressionnante, cette
construction fut démarrée en 1882, puis poursuivie depuis après une période
d’arrêt au moment et à la suite de la guerre civile. Plus de la moitié de
l’édifice est déjà terminé, et la fin est prévue pour 2040 !Visiter
l’église, c’est côtoyer des centaines d’artisans, occupés non pas à rénover le
monument comme on le voit souvent, mais en train de le construire. Tout se
passe comme si on se trouvait au quatorzième siècle au milieu de l’édification
de Notre Dame.
Voir au milieu des clochers déjà
en place des grues, des matériaux, des blocs de pierre, des artisans en train
de polir la pierre ou de se préparer à l’installer, c’est sentir la dynamique
d’un peuple tourné vers l’avenir, comme de voir cette affiche signalant une
étude en cours sur le Barcelone de 2159. Ces catalans sont prêts à s’interroger
sur ce qu’ils seront dans 150 ans, à poursuivre une coûteuse construction qui
ne sera finie que dans plus de trente ans, et qui ne peut certainement pas être
qualifiée d’investissement au sens économique du terme.
Mais cette construction est aussi
incroyablement étonnante, par le style.
C’est en effet à la fois un monument catholique classique avec sa nef
son abside, ses portails de la Passion ou de la Nativité et un monument hors
norme, avec ses clochers qui se terminent comme des épis de blé, ses formes
beaucoup plus souvent rondes qu’angulaires, selon les pratiques de son premier
et principal architecte, qui y consacra une grande partie de sa vie, Antoni
Gaudi.
Il faut visiter aussi le Parc Güell pour comprendre à quel point l’œuvre de Gaudi sort de l’ordinaire. En visitant les chemins sur piliers qui ressemblent à des viaducs, cette place sur piliers entourée d’un banc tortueux recouvert de céramique, on se dit que le mécène était aussi givré que l’architecte (le projet a été interrompu pour des raisons financières). Mais c’est parfois avec une bonne dose de folie que les hommes réussissent les plus belles choses.
La Sagra Falimia est aussi complètement atypique. Son style fait penser à des œuvres de bande dessinée comme la ville qui n’existait pas ou aux œuvres oniriques de dessinateurs de science fiction, mais pas aux œuvres convenues qu’on est hélas trop souvent amené à voir dans des pays qui consacrent plus d’énergie à la conservation du passé qu’à la construction de l’avenir.
La durée de sa construction est telle que les architectes se sont succédés. Les promoteurs ont accepté une démarche profondément originale. Mais bien sûr, il s’est trouvé des critiques pour s’élever contre la construction récente des statues du portail de la passion, qui sont effectivement de toute évidence d’un style très différent de celui de Gaudi, beaucoup plus dépouillé. Ce choix montre pourtant la même volonté de se tourner vers l’avenir et d’inventer.
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