Favoriser la proximité entre les humains, c’est le grand défi des hommes, nous dit Pikipoki en fin d’un article sur les propos de Benoît XVI à propos du préservatif. Cette conclusion originale dans la polémique sur le sujet me parait riche de réflexions.
Après Eolas, Koz, Authueil, Hughes et Pikipoki, je vais finir par mettre mon grain de sel sur le sujet, à partir des réflexions que m’évoquent le billet de Pikipoki
Un mot d’abord sur les moyens de lutter contre le SIDA. Il me semble de bon sens de dire que l’abstinence (l’absence de relations sexuelles) la fidélité ou le port de préservatif sont trois moyens qui objectivement permettent d’éviter les contaminations. Et que ceux qui veulent lutter contre le SIDA devraient citer ces trois moyens
On constate pourtant que le pape refuse le troisième et que les organismes de lutte contre le Sida, du moins en France, ne parlent jamais que du troisième. Accepteraient ils de parler plus des deux autres si le pape acceptait l’idée du préservatif ? Rien n’est moins sûr ; Mgr Gayot, a pu constater que son attitude libérale ne lui permettait pas pour autant de se faire entendre sur des sujets que les médias ne veulent pas aborder.
Mais abordons plutôt ce que dit Pikipoki sur la proximité
« dans le domaine humain, il n'y a pas de bon raisonnement, de bon comportement sans proximité(…) un sentiment de vie commune qui souffle parmi les individus ».
Pour un chrétien (et donc pour le pape aussi !) il est difficile de lire une telle phrase sans penser à l’évangile dit du bon samaritain (Luc 10 30-35) où Jésus répond à la question « qui est mon prochain ». On voit là le bon samaritain soigner celui qu’il a trouvé blessé au bord de la route, et que le prêtre qui l’a précédé s’est bien garder de remarquer. Il s’est senti frère du blessé et l’a soigné.
Alors, si on doit soigner son prochain, ne faut il pas aussi tout faire pour lui éviter d’attraper une maladie, donc mettre un préservatif pour éviter la transmission du Sida ?
Certes, mais il se trouve qu’un chrétien a un autre texte en tête, celui de Marc 2 1 12. Quatre hommes vont jusqu’à passer par le toit pour faire accéder à Jésus un paralytique couché sur son lit. Et Jésus, avant de lui dire « lève toi et marche » va lui dire « tes péchés sont pardonnés ». La lecture du texte montre bien que c’est ce pardon des péchés qui est le plus important, le « lève toi et marche » ne sert qu’à prouver le pouvoir de pardonner.
Encore faut il savoir ce qu’est le péché. Et pour cela, le mieux est de revenir à ce qui précède chez Luc l’épisode du bon samaritain, quand on évoque les deux principaux commandements « tu aimeras le seigneur ton Dieu » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Jésus dira au 22ème chapitre de Matthieu que le second commandement est semblable au premier.
Pécher, c’est avant tout rompre cette proximité avec Dieu ou avec ses semblables. Et ce que veut nous dire le pape, c’est qu’aller coucher de ci de là, ce n’est pas réellement entrer en proximité avec l’autre.
Au mieux, pour un jeune qui cherche à trouver l’âme sœur, c’est tâtonner dans cette recherche, en espérant qu’on finira par y arriver après un certain nombre d’échecs. Et la conviction d’un chrétien, est que cet échec est souvent lié au fait qu’on n’a pas vraiment cherché à se connaître avant de passer à l’acte sexuel lui-même, et que cette recherche insuffisante est en soi porteuse d’échec. La relation sexuelle, au lieu d’être intégrée dans une construction progressive de la relation à l’autre, est trop souvent considérée comme une des premières pierres à poser, alors que les fondations ne sont pas là.
Mais au pis, et c’est malheureusement ce qu’on entends trop souvent dans les messages médiatiques, la relation sexuelle est une simple recherche de plaisir avec le partenaire qu’on va trouver à un moment, et qu’on va jeter ce moment passé, comme on jette le préservatif qui a séparé les partenaires, comme une preuve symbolique de l’absence de proximité réelle.
Alors, bien sûr, que ceux qui vont vers un nouveau partenaire mettent un préservatif. Mais qu’ils entendent que la vrai recherche de proximité, celle dont en réalité ils ont besoin pour être heureux, n’est pas d’abord dans la recherche du plaisir sexuel, mais dans la recherche de la compréhension de l’autre, de son écoute, de la recherche de ce qui le rend heureux.
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