L’ancienne candidate à la présidentielle accuse son vainqueur de harcèlement moral vis-à-vis de la ministre de la Justice, « contrainte » de reprendre très rapidement son travail à cause de la pression exercée par le président. Cette attaque montre une fois de plus la grande importance accordée par la dirigeante socialiste à la situation des victimes ou supposées telles.
Evidemment, si Ségolène Royal, première ministre à avoir accouché dans l’exercice de ses fonctions, avait alors convoqué la presse et repris rapidement le travail, ce n’était pas pour les mêmes raisons que R Dati, à savoir une ambition démesurée. Mais passons !
Ce qui est intéressant ici, c’est la référence au harcèlement moral. J’avais été frappé de constater que Julien Dray utilisait la même expression rare que Ségolène Royal « je ne me laisserais pas faire ». J’avais noté que cette phrase renvoyait justement au conseil donné par celle dont le livre a abouti à l’inscription du harcèlement moral dans le code du travail, celui de « ne pas se laisser faire ».
La récente déclaration de Ségolène Royal confirme l’importance extrême qu’elle donne à cette notion, qui mériterait pourtant d’être maniée avec des pincettes, tant elle a pu être avancée à tort et à travers. Le comportement public de R Dati ne concorde pas avec celui d’une personne harcelée, et je ne sache pas que Mme Royal bénéficie de confidences particulières du ministre de la Justice.
On a vu lors de la campagne électorale comment la candidate se rangeait résolument dans une attitude de compassion vis-à-vis des victimes (éventuellement supposées), en particulier féminines, allant jusqu’à vouloir les soulager en direct ou à proposer de raccompagner chez elles toutes les femmes policières. Il est vrai qu’il s’agit d’une dérive générale du monde politique, mais la présidente du Poitou Charente a visiblement dans le domaine une longueur d’avance sur ses collègues.
Je crains fort que l’appel systématique au registre de l’émotion et la simplification des relations humaines sous les seuls registres de la fusion émotionnelle ou du rapport victime / pervers ne fassent pas progresser notre pratique de la politique, c’est le moins que l’on puisse dire.
Il est vrai que Nicolas Sarkozy joue aussi beaucoup du registre de la victimologie, et s’en sert pour une politique de « justice » qui tient plus de la logique revancharde que de celle d’un Etat de droit. Mais ce n’est pas une raison pour tomber dans des travers différents mais finalement du même ordre dans le camp d’en face.
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