Malgré le vote par correspondance, la participation aux élections prud’homales est décevante. Avec 25.6% au final, elle se situe loin des 32.7% relevés lors de la dernière élection en 2002 et très très loin des 63% de 1979. Ce n’est cependant pas une surprise : la désaffection pour les syndicats est connue et l’enjeu de faire gagner tel ou tel peu évident.
Ce midi, je participais au repas de salariés récemment embauchés dans mon entreprise et qui étaient réunis pour une journée dite découverte, de présentation du fonctionnement interne. Je venais présenter les instances représentatives du personnel. Je me suis trouvé avec deux personnes qui avaient participé à ce genre d’instances dans d’autres entreprises. L’une, environ 25/30 ans, avait été déléguée du personnel quand elle travaillait pour payer ses études. L’autre, la quarantaine, avait été membre du CHSCT. Aucun n’a cru bon de me dire s’ils étaient élus ou non sur une liste syndicale.
J’ai commencé à solliciter des collègues pour figurer sur la liste que je vais présenter au nom de la CFDT lors des prochaines élections professionnelles dans l’entreprise. Avant de réponde, ils me posent des questions sur le rôle des différentes instances, sur le temps à consacrer, sur la compétence nécessaire, mais pratiquement jamais sur mon syndicat, pour savoir pourquoi je suis à la CFDT plutôt qu’ailleurs. Certes, je pense que la plupart sont par convictions générales assez proche des idées que défend la CFDT. Mais je ne pense pas que ce soit la raison : tout simplement , cela ne leur parait pas important. Ce qui compte pour eux, c’est ce qu’ils pensent de moi.
Et ce que je dis là de manière générale est encore plus vrai pour les plus jeunes pour qui les questions syndicales sont quasi inconnues. Bien sûr, il s’agit pour beaucoup de cadres, moins syndiqués traditionnellement ; Ce ne sont pourtant pas des personnes désintéressés de la vie collective : nous avons un nombre important (très nettement supérieur à la moyenne française) de personnes adhérentes d’un parti politique, avec parfois des responsabilités non négligeables.
On comprend dans ces conditions qu’un Pikipoki puisse signaler que dans son entreprise personne n’ait gardé sa carte d’électeur ! De toutes manière, on constate dans de nombreux entreprises la nécessité d’un deuxième tour, le nombre de votants au premier tour étant inférieur à 50% des inscrits. Or les enjeux et les personnes à élire sont nettement mieux identifiés.
En effet, qui peut dire en quoi le fait qu’il y ait un juge prud’homal issu de la CFTC, de FO ou de Sud change grand-chose au jugement qui sera rendu sur un litige ?
Et qui peut dire en voyant les listes quel sera l’impact de son vote, Que le 23ème de la liste soit élu en plus des 22 premiers ? Mais on ne sait ni ou se trouve la limite ni qui est exactement ce Thierry Martin ou cette Noémie Lefebvre qui figure en 23ème position !
Pour les syndicats, ce scrutin était pourtant important, comme le prouvent les efforts qu’ils y ont consacrés depuis plusieurs mois. Efforts apparemment inutiles, mais s’ils ne les avaient pas fait, cela aurait été pire !
Il y a une autre menace qui pèse sur les syndicats à relativement court terme. Il n’y avait qu’à regarder ceux qui distribuaient des tracts ces jours ci : l’âge moyen était probablement supérieur à 50 ans. La relève de génération, sauf sans doute chez SUD, n’est guère au rendez vous.
Il n’y a que deux moyens actuellement identifiés qui puissent redonner de l’oxygène au monde syndical
D’abord, il faut que le gouvernement laisse les partenaires sociaux négocier puis prenne acte des résultats atteints au lieu de vouloir dicter le social à leur place. Dans ce domaine, la droite agit beaucoup plus dans l’intérêt des syndicats que la gauche, et le gouvernement actuel mieux que ses prédécesseurs.
D’autre part, la réforme de la représentativité va obliger les plus gros à prendre leurs responsabilité vis-à-vis des accords à signer ou non et va pousser au regroupement. Il y a actuellement dans ce domaine de gros freins à cause des positions individuelles acquises (si on fusionne, qui reste délégué syndical ?) mais les nombreux départs en retraite attendus ces prochaines années pourraient lever ces freins.
Les commentaires récents