Le secrétariat d’Etat au développement de la région capitale a publié un premier projet concernant le plateau de Saclay, dont il veut faire un pôle de développement de niveau mondial. Pour se faire, il est prévu de créer, par une loi à voter en début 2009, un organisme chargé de l’organisation du site, comme cela a été fait pour la Défense avec l’EPAD.
Christian Blanc ne manque pas de suite dans les idées. Dans le rapport remis à JP Raffarin sur l’écosystème de la croissance, il avait montré que la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne exigeait d’améliorer sérieusement les moyens de la recherche et son lien avec les entreprises. C’est ainsi que naquirent les pôles de compétitivité. L’objectif affiché était d’augmenter le potentiel de croissance à long terme de notre pays, afin de financer le maintien d’un modèle social de haut niveau.
Parmi les grands sites de la recherche française, celui qui était à l’époque député des Yvelines avait distingué un bon exemple avec Grenoble et un mauvais exemple avec le plateau de Saclay. Il avait obtenu du premier ministre, juste avant son départ, une nouvelle mission sur le développement spécifique de ce dernier site, dont il estimait que, vue son importance, il pouvait à lui seul ajouter 0,5% de croissance annuelle au PIB de notre pays. Il faut dire que la zone « produit » 10 nouvelles entreprises par an quand on devrait en attendre 20 fois plus !
Dominique de Villepin n’avait pas cru bon de s’intéresser à ce sujet. Christian Blanc s’était donc permis d’ajouter un chapitre sur le sujet dans son livre « la croissance ou le chaos ». Et l’une des principales raisons, sinon la principale, de son soutien à Nicolas Sarkozy était l’intérêt manifesté par celui ci envers les pôles de compétitivité, intérêt formalisé dès le lancement de sa campagne officielle, par une visite à Saclay et un discours sur le sujet.
A mon grand regret, Christian Blanc n’a pas été nommé ministre de l’industrie et de la recherche. Cependant, les réformes faites par Valérie Pécresse sur l’autonomie des universités et le lancement du plan Campus vont dans le bon sens. Surtout, sa nomination comme Secrétaire d’Etat au développement de la région capitale lui donne le moyen de mettre en œuvre un projet qui lui est cher, avant de nouvelles propositions à venir, par exemple sur la zone de la Plaine St Denis.
La proposition publiée jeudi 6 novembre est le fruit du travail d’une équipe pluridisciplinaire sous la houlette de Pierre Veltz, spécialiste des questions d’aménagement du territoire et récent auteur de « la grande transition ».
Le dossier aborde les questions d’implantation de la recherche et d’aide aux start up bien sûr, encore que rapidement, mais se focalise surtout sur des questions d’aménagement du territoire au sens classique : préservation de l’environnement, organisation des transports, en particulier publics, organisation du logement et développement d’un espace de vie attractif.
Les propositions sont clairement ambitieuses. Le rapport précise d’ailleurs que l’ambition du cluster est d’être à terme parmi les 5 meilleurs mondiaux.
L’horizon affiché est 2020, mais on sent bien que la perspective est également à plus long terme : l’équipe a pensé durable !
Le besoin d’une OIN (opération d’intérêt national) est justifié par le niveau d’ambition « économique, scientifique et technologique, écologique et fonctionnel » qui exige une cohérence dans l’action que ne peuvent assurer les multiples collectivités territoriales concernées (villes, agglomérations, départements et région). Le passé a montré que l’idée du de la cohérence du Plateau, qui n’est pas nouvelle, n’arrivait pas à déboucher concrètement dans un tel contexte.
Evidemment, le président de région s’en est offusqué. Jean Paul Huchon et Christian Blanc se connaissent bien puisqu’ils ont été les « bras droits » successifs de Michel Rocard. Mais la situation du plateau de Saclay est aussi le signe d’un échec de la région Ile de France, qui n’a pas su le développer (le développement économique est une des responsabilités régionales). Pire, la région n’a pas voulu mettre le développement de ce cluster comme une priorité de son schéma régional, le SDRIF, amenant Christian Blanc et l’Etat à tout faire pour refuser celui-ci.
La création de ce secrétariat d’Etat et la nomination de Christian Blanc avait suscité deux sortes de commentaires. Les premiers soulignaient l’importance du dossier. Les seconds se demandaient si l’objectif de N Sarkozy étaient de reprendre ainsi la région à la gauche lors des prochaines élections. Manifestement, JP Huchon ne pense qu’à ce deuxième terme, ce qui le conduit à des remarques d’un ridicule achevé, critiquant principalement le fait qu’il découvre l’idée d’une desserte directe entre Saclay et Orly (par un Val). Cette idée était déjà noir sur blanc dans le livre « la croissance ou le chaos » en février 2006 !
En réalité, le projet proposé par C Blanc et son équipe est profondément politique. Non pas dans le sens de savoir qui de la droite ou de la gauche gouvernera demain. Mais dans le sens de savoir comment on aménage le territoire pour y vivre dans de meilleures conditions demain, dans le sens étymologique du mot politique. Et en l’occurrence, demain n’est pas 2009 mais 2015, 2030 ou 2050. Parce qu’il s’agit d’une œuvre de longue haleine, il faut la démarrer rapidement !
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