Un loup qui devient l’ami d’un lapin et qui va pêcher avec lui, c’est possible dans le monde des contes, mais cette transgression est elle acceptable dans notre réalité quotidienne ? Aux réactions d’enfants à la lecture du conte, on peut se poser la question.
Dans le cadre de son atelier hebdomadaire de découverte d’un livre avec des 5/8 ans, ma femme faisait découvrir à son groupe l’histoire de « loulou », de Grégoire Solotareff, ce jeune loup parti découvrir et chasser le lapin et qui finira par devenir l’ami d’un lapin.
Après la lecture, elle a demandé aux enfants quelle suite ils imaginaient. Deux propositions ont été faites : un jeune garçon a imaginé que l’oncle du loup revenait et reprochait à son neveu de fréquenter un lapin au lieu de le chasser. Deux petites filles ont pensé que les parents du lapin allaient réagir négativement.
Le centre social où travaille ma femme est fréquenté par des gens de toutes origines, maghrébine, asiatique, africaine ou gauloise. Et les trois enfants en question étaient d’origine très différentes, ce qui n’empêche pas les deux petites filles d’être inséparables.
Alors que projettent ces enfants dans leur proposition de fin ? Il est peu probable que ce soit le coté impossible de l’histoire : à cet âge, on admet volontiers que le monde des contes ne fonctionne pas comme le notre. Il est plus probable qu’ils renvoient l’idée que leur famille n’a pas très envie qu’ils se lient avec des enfants d’une autre communauté. Pourtant les petites le font et cela ne semble pas poser de problèmes !
Peut être ont-ils simplement besoin d’exorciser cette réaction possible, en la nommant de manière déguisée. C’est d’ailleurs bien ce à quoi sert le conte : il est apprécié parce qu’il résonne avec une réalité personnelle qu’il permet de formaliser et donc de maîtriser. Mais je ne vais pas discourir plus longtemps sur ce sujet que je connais mal : lisez plutôt B Bettelheim !
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