Vendredi soir, les Guignols nous présentaient Nicolas Sarkozy prétendant régler tous les problèmes de personnes en détresse mais en réalité ne leur offrant que des clopinettes. Le premier cas traité était un ouvrier « depuis 25 ans chez Renault et licencié sans indemnités » avec 1999 camarades.
Il faut rappeler une fois de plus que suppression d’emplois n’est pas synonyme de licenciements. S’il faut réduire de 2000 salariés l’effectif de Renault d’ici un an et qu’il y a 500 ou 1000 départs naturels (notamment des retraites), les licenciements ne sont « que » de 1500 ou 1000.
D’autre part évidemment, il n’y a pas de salariés de 25 ans d’ancienneté licenciés sans indemnités. Celles-ci sont d’ailleurs relativement élevées (ce n’est évidemment pas un parachute doré !) : parce qu’elles sont en général proportionnelles à l’ancienneté (il peut y avoir un plafond), et parce qu’une entreprise comme Renault est obligée de faire nettement mieux que les indemnités conventionnelles (6 mois de salaire pour 25 ans d’ancienneté).
Enfin, comme c’est devenu la pratique en dehors de fermetures totales, le PSE de Renault se réalise sur la base du volontariat. Il n’y a pas de salarié à qui on dit « dehors » mais des salariés à qui on dit « en cas de départ volontaire, l’indemnité est de tant ». On voit bien que l’indemnité doit être suffisamment attractive pour susciter des vocations.
Le véritable danger de ce qui ressemble furieusement à un chèque à la valise, est que certains salariés, éblouis par la somme proposée, quittent l’entreprise sans solution réaliste derrière.
En effet, les salariés partant doivent avoir un projet (ils sont aidés pour le construire) : par exemple un emploi dans une autre entreprise ou la création de leur propre emploi, par exemple en ouvrant un restaurant (l’indemnité étant alors bien utile pour apporter les fonds nécessaires).
Il existe cependant ce qu’on appelle pudiquement des « projets personnels ». Le plus fréquent est « la retraite UNEDIC » : il s’agit pour un senior, par exemple de 56 ans et demi, de s’inscrire au chômage puis de profiter de la dispense de recherche d’emploi en attendant la liquidation de retraite à 60 ans. L’indemnité complète les allocations chômage pour assurer un revenu suffisant aux yeux du salarié.
D’autres salariés se lancent dans une formation longue de reconversion. D’autres enfin présentent un projet irréaliste. Il arrive pourtant que les comités de suivi, paritaires, laissent passer ce genre de faux projets.
Au final, ce ne sont de toutes façons pas les salariés des grandes entreprises qui ont le plus à craindre des suppressions d’emploi, mais ceux des entreprises petites ou moyennes, qui ne passeront pas forcément par le volontariat, et qui auront uniquement les indemnités conventionnelles.
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