Une retraitée peut elle mener une vie simplement décente avec 1500 euros par mois, en étant propriétaire de son logement ? C’est à peine suffisant nous explique une enquête du Monde, dans un article ce soir sur le viager. Le titre d’introduction parle d’ailleurs de l’indigence des pensions. Le journaliste a t-il seulement une idée du revenu réel de beaucoup de Français ?
Une remarque avant de revenir au sujet. J’ai pris une bonne résolution pour la rentrée : celle de relire mes textes avant de les publier, pour réduire le nombre de fautes publiées et vérifier que mon texte est clair. Le Monde devrait en faire autant. Cela lui éviterait d’écrire dans cet article que l’âge moyen des français est de 77.5 ans pour les hommes et 84.4 pour les femmes (les termes « au décès » qui devaient compléter la phrase ont apparemment disparus !).
La retraitée dont parle Le Monde a augmenté ses revenus de 40% grâce à son viager. Et elle part visiter l’île de Pâques en novembre. Tant mieux pour elle : ce n’est pas le sujet de mon billet, qui porte au choix sur le misérabilisme du journaliste ou son ignorance.
18000 euros annuels, c’est à peu près le revenu médian par individu dans notre pays (17 597 euros en 2006 d’après l’INSEE). Depuis le 28 juin 2008, le SMIC mensuel brut à temps plein se situe à 1321,02 euros. Cela fait moins de 1050 euros pour le SMIC net. Et évidemment la plupart des Smicards ne sont pas propriétaires mais contrairement à notre retraitée, ils ont des frais de déplacement domicile lieu de travail. Notre retraitée se situe 50% au dessus du SMIC. Cela n’a évidemment rien de folichon, mais peut on dire qu’en dessous du salaire médian, on ne vit pas décemment ?
Peut être ne faut il pas raisonner de manière relative, par rapport aux autres, mais de façon absolue ? Mais alors, a-t-on oublié quel était le niveau de vie des français il y a 60 ans, quand cette retraitée de 75 ans aujourd’hui était adolescente ? ou il y a 50 ans quand elle était une jeune femme qui travaillait ?
N’oublions pas non plus que si la proportion de pauvres a diminué depuis 20 ans, c’est que parmi eux, il n’y a pratiquement plus de retraités : ces derniers ont maintenant le même revenu que les actifs. Il est loin le temps de la mince retraite des vieux que Pierre Perret comparait avec Cuisse de mouche.
Au-delà des exagérations journalistiques, il y a un sentiment diffus chez beaucoup de Français que leur revenu ne progresse plus depuis longtemps, et que pire, il risque de baisser à l’avenir, en particulier pour les retraités. Ce n’est pas ce que disent les statistiques mais on ne vit pas de statistiques. Il est loin le temps des trente glorieuses, quand le niveau de vie était probablement beaucoup plus faible qu’aujourd’hui, mais qu’on le voyait progresser rapidement, qu’on avait l’espoir que les lendemains seraient meilleurs.
Le vrai défi de notre pays, c’est de stopper la tendance à la baisse de la croissance à long terme, c’est de la faire repasser à 2.5 ou 3%. Pour que l’espoir de progrès revienne. Et pas seulement dans les statistiques.
Alors peut être, on peut rêver,
les journalistes cesseront le misérabilisme ?
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