On se souvient de la distinction faite entre les dépenses actives (formation et accompagnement notamment) et les dépenses passives (indemnisation), qui montrait que notre pays avait privilégié les secondes par rapport aux premières. Dans les années 90, l'idée s'est donc répandue qu'il fallait mettre plus l'accent sur les dépenses actives, la formation paraissant une voie à développer. Les études montrent aujourd'hui que le recours à la formation n'est pertinent que dans certains cas.
Le soutien à des programmes de formation est en effet la mesure active la plus largement utilisée en Europe, celle qui mobilise le plus de fonds. Son efficacité sur le retour à l’emploi est controversée : des évaluations indiquent notamment que l’impact des programmes de formation sur l’emploi est positif lorsqu’ils concernent des groupes cibles très spécifiques (Kluve & Schmidt 2002). En revanche, il reste plutôt négatif sur le court terme et est « déphasé » par rapport aux objectifs d’un accès direct et rapide à l’emploi durable affiché par la plupart des SPE.
La dernière phrase est importante : si on attend de la formation qu'elle accélère le retour à l'emploi, le résultat n'est pas probant, sauf cas particulier.
Pour aller plus loin, il faut sans doute distinguer trois situations de formation : la formation diplômante (de reconversion ou pas), la formation ciblée, et les autres formations;
La formation diplomante est une formation longue, qui va permettre de
passer un CAP ou un Master (ou tout autre diplôme intermédiaire). Elle prend
évidemment du temps(on compte en semestres) et un engagement fort de la
personne qui s'y engage. Par nature, il s'agit d'une démarche individuelle. Le
Congé individuel de Formation (CIF) est normalement un outil disponible pour
les salariés tentés par l'aventure. Par définition, cette démarche ne raccourci
pas le retour à l'emploi, mais elle peut amener une forte évolution
professionnelle pour l'étudiant
Alors que la formation diplomante s'appuie d'abord sur un désir de celui qui sera formé, la formation ciblée s'appuie sur un besoin du marché de l'emploi, souvent même d'une entreprise ou d'un organisme défini; On comprend alors son efficacité pour le retour à l'emploi; Si la société Ducran, Lapoigne et Cie se met d'accord avec l'AFPA pour organiser une formation en alternance à la maçonnerie de 10 places, on a tous les ingrédients de la réussite : la formation théorique et pratique,les stages de mise en application, les tuteurs, et une entreprise qui ne demande qu'une chose: embaucher les stagiaires à la fin de leur cursus.
Les autres types de formation ont souvent hérité du terme de formation-parking. Elles ont en effet trop souvent donné le sentiment qu'il s'agissait d'occuper les gens plutôt que leur donner réellement les moyens de réussir. Et pourtant, il existe parmi les chômeurs une population dont l'absence de qualification explique la difficulté de trouver du travail. Parmi les jeunes sortis de la formation initiale sans qualification (sans diplôme type CAP par exemple), les niveaux VI de l'EN, on trouve 3 ans après cette sortie, entre 40 et 50 % de chômeurs. Il est donc tentant de chercher à leur faire acquérir une qualification. Sauf que s'ils en sont là, ce n'est pas forcément qu'ils sont incapables d'apprendre, mais très probablement qu'ils ne supportent pas le système de formation théorique qu'ils ont vécu comme un échec. Leur seule chance de progresser est d'abord d'être mis en situation professionnelle, puis d'avoir des apports qui leur permettre de structurer les savoir faire ainsi capitalisés; C'est à dire qu'en pratique, il leur faut du travail et des formations ciblées !
Cet article est la suite de l’article paru le 15 juin sur le service public de l’emploi
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