Des amis m’invitent ce soir à réfléchir sur la parabole des talents. C’est le privilège du blogueur de pouvoir livrer son opinion d’amateur ou de profane alors que des spécialistes ont écrit des tas de choses savantes : je ne vais donc pas m’en priver !
Il est toujours tentant, devant un texte d’évangile, de rechercher l’application qu’on peut en faire dans sa vie (c’est bien ce qui est proposé aux chrétiens) mais de le faire en se précipitant sur une interprétation morale qui empêche souvent de regarder tout simplement ce que dit le texte.
Ici, la morale spontanée va consister à dire qu’il faut faire fructifier les dons que nous avons reçus à la naissance (ou après) pour les faire grandir. Ce n’est pas forcément faux, mais il me semble que ce n’est pas ce que dit le texte en priorité !
En fait, ce texte parle d’alliance (ce qui n’est pas surprenant dans la Bible !), d’alliance acceptée ou refusée.
Le maître en partant, a proposé à trois de ses serviteurs d’entrer dans un partenariat avec lui. Il n’a pas établi les règles du contrat : il a laissé les serviteurs l’interpréter à leur guise.
Les deux premiers serviteurs sont entrés dans ce partenariat et ont travaillé ce qui était mis dans le partenariat (les talents confiés par le maître). Le troisième a refusé d’entrer dans ce partenariat et est allé enterrer le talent confié, pour le rendre ensuite à ce maître qu’il qualifie de dur et donc avec lequel il n’a pas envie de coopérer. Les deux premiers sont dans la vie, le dernier est dans la mort (bien symbolisée par l’enterrement du talent) : Françoise Dolto aurait certainement souligné ce point.
Le résultat quand le maître revient est assez simple : il propose aux deux premiers d’entrer dans sa joie et décide faire sortir le troisième. Ce n’est pas très différent de ce qui se passe dans le texte qui précède cette parabole chez Matthieu, celles des 10 jeunes filles qui attendant l’époux : il y a celles qui se sont préoccupé de la future fête et qui peuvent entrer et celles qui ont fait autre chose et qui restent dehors.
Le maître explique que les serviteurs récompensés ont été fidèles pour des petites choses et que sur beaucoup il les établira. Il conclue : entre dans la joie de ton maître. Il me semble qu’on peut lire de façon complètement littérale cette phrase : ce qui a été fait sur l’argent, malgré l’importance des sommes (des dizaines d’années de salaire) est sans grande importance. Entrer dans la joie du maître l’est beaucoup plus. C’est conforme à l’enseignement du Christ : l’alliance avec Dieu, l’acceptation d’entrer dans sa joie, c’est le plus important.
Il se trouve que je me faisais hier la réflexion qu’une des caractéristiques de l’homme est de faire la fête, de partager sa joie avec les autres quand il y a eu un événement heureux : j’ai trouvé la femme (ou l’homme) de ma vie, venez partager notre joie ! C’est la même idée me semble t’il dans cet évangile qui souligne que Dieu veut nous voir heureux.
Du coup, ce texte parle aussi au blogueur que je suis. Proposer un texte sur mon blog, c’est proposer à tous ceux qui le souhaitent de partager ma réflexion, mes enthousiasmes, mes déceptions ou mes colères. Aller lire les autres, c’est aussi aller partager avec eux. Faire des commentaires, c’est souvent faire fructifier la discussion, pour rendre plus riche le texte initial. Mettre en lien le texte d’un autre blog, c’est aussi partager et créer du lien. C’est une façon parmi d’autres d’entrer dans la vie !
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