Le monde agricole a été marqué par des décennies de surproduction et de baisse des prix, entraînant un exode rural continu, une concentration des exploitations et des budgets européens importants consacrés à la gestion des surplus et à leur bradage sur le marché mondial. Il a même fallu organiser une pratique de jachères.
Les pratiques intensives d’exploitation, d’utilisation des pesticides et des engrais, avec leurs conséquences sur la qualité des nappes phréatiques ont détérioré l’image de marque des derniers paysans.. L’aspiration à une culture biologique, plus respectueuse de la nature a remis en cause les pratiques, les méthodes musclées de lutte contre les OGM de certains en étant la partie la plus visible.
On en était au point de se demander au début du 21ème siècle, si le paysan ne devait pas se transformer en un aménageur : conservateur d’espace, payé pour cela par la collectivité plus que pour sa production jamais rentable.
Les revenus importants à l’hectare des viticulteurs sont à leur tour remis en cause par la montée en qualité des vignerons australiens ou américains.
Et voilà que cette tendance à la surproduction semble se retourner. Deux raisons expliquent ce changement qui pourrait être profond et durable
La première est le décollement économique d’une partie de la population hier sans moyens de se nourrir correctement, en particulier en Chine et en Inde. L’augmentation des prix des matières premières conséquences de ce décollement, après avoir touché le pétrole ou l’acier, fait aujourd’hui grimpé les prix du lait : les stocks mondiaux n’ont jamais été aussi bas, et les prix sont de nouveaux sensibles aux phénomènes climatiques.
La seconde est l’utilisation de la biomasse comme alternative au pétrole, utilisation qui pourrait concerner rapidement une partie assez importante des terres agricoles.
Ce retournement n’est pourtant pas un retour en arrière. L’exigence de préservation de la terre (l’épaisseur de l’humus est en constante diminution dans nos pays) et de la qualité de l’environnement sera toujours plus prégnante. Et la hausse des prix, si elle favorise déjà les céréaliers qui ont anticipé sur la demande de carburant d’origine agricole, ne signifie pas suppression des contraintes économiques. Les viticulteurs ne pourront éviter de se remettre en cause..
L’agriculture fera donc toujours plus appel à la technologie .La mécanisation des tâches est déjà importante, c’est ailleurs que se font les évolutions. Ainsi, il y a déjà plus de quinze ans que les mesures de l’état de la terre permettent de calculer au plus juste la quantité d’engrais à épandre (dans certains cas, celle-ci a été divisée par deux, ce qui donne une idée de ce qui allait directement dans les nappes phréatiques !). Et il sera fait de plus en plus appel aux OGM pour diminuer les besoins en pesticides, améliorer les rendements ou cibler les molécules produites (pour la fabrication de carburant ou pour la pharmacie).
La France saura t’elle profiter de ce retournement, elle dont la superficie est largement supérieure à celle de ses voisins les plus peuplés ?
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