Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara : avec trois femmes issues des « minorités visibles », le gouvernement Fillon 2 donne un signe clair, au moment où le résultat des législatives montre la difficulté, y compris à gauche, de faire entrer la diversité à l’Assemblée Nationale ;
Certains objectent qu’il s’agit là du « fait du prince » et que ces nominations restent symboliques quand beaucoup d’électeurs de droite continuent au sein de leur entreprise, à pratiquer sans état d’âme la discrimination. L’UMP s’est d’ailleurs bien gardé de prendre le risque d’envoyer les deux premières nommées au casse pipe électoral !
Sur le premier argument, je rappellerai les trois femmes ( Suzanne Lacore, Irène Joliot Curie et Cécile Brunschvicg) que Léon Blum a pris dans le gouvernement du Front Populaire, en 1936, alors que les femmes n’avaient pas le droit de vote. C’était aussi le fait du prince.
Le second argument est par contre malheureusement rigoureusement exact. J’en ai encore eu la preuve dans une réunion professionnelle récente où ceux dont le métier est d’accompagner les chercheurs d’emploi ne manquaient pas d’exemple vécu de demande des entreprises de présenter des candidats « BBR » (pour bleu blanc rouge). Dans ma grande naïveté, je n’arrive toujours pas à comprendre cette attitude de chefs d’entreprise ou DRH apparemment bien propres sur eux mais enfermés dans leurs préjugés. Ce sont les plus diplômés parmi les minorités visibles qui en sont les premières victimes.
Les choses bougent depuis quelques temps (évidemment sans doute pas assez vite et des entreprises de toutes tailles prennent des engagements de non discrimination, allant pour quelques unes jusqu’à nommer en leur sein des responsables diversité.
Certains de mes blogs préférés se sont fait l’écho de ces préoccupations, par une réflexion économique et juridique
A priori, les nominations citées au début de ce billet participent de ce mouvement
On peut cependant s’interroger sur la cohérence entre ce choix et la mise en place d’un ministère de l’intégration et de l’identité nationale. Je viens d’entendre à la radio un représentants des pétitionnaires contre ce ministère déclarer qu’il s’agit en fait de trier les bons immigrés (européens d’origine) et les mauvais (les autres).
Il s’agit pourtant d’une fausse analyse, dont on se demande si les auteurs le font exprès ou non. Contrairement à J M Le Pen, Nicolas Sarkozy ne propose ni une immigration zéro, ni la préférence nationale, ni le renvoi des immigrés dans leur pays d’origine. Par contre, il milite pour une immigration choisie et veut valoriser ceux et celles qui le méritent, quelque soit la couleur de leur peau. A l’évidence, pour lui, Rachida Dati et Rama Yade font partie de celles là. La notion de bons ou de mauvais ne se fait pas sur un critère d’origine.
Dans une certaine mesure, cette politique rejoint la demande des associations de diplômés membres des minorités visibles, noirs ou maghrébins, qui demandent qu’on les recrute ou non sur leurs critères de compétences plutôt que sur leur origine.
Le discours de la gauche sur les quartiers dits sensibles et ceux qui y habitent, a pu être entendu à certains moments comme paternaliste. Ce n’est sans doute pas le comportement de tous ceux qui agissent au quotidien pour que chacun puisse tout simplement être traité comme un être humain à part entière, égal aux autres tout simplement
La nouvelle ministre de la Justice ne souhaite certainement pas être « l’arabe de service ». De la même manière que les victoires sportives suscitent des vocations, je souhaite cependant que sa nomination et celle de quelques autres donnent envie de se battre pour réussir à ceux qui voient autour d’eux la discrimination présente en permanence, Qu’ils fassent de cette contrainte une chance comme le chante J J Goldmann. Ce qui suppose qu’il y ait des éducateurs (il y en a ) et des responsables pour la leur proposer.
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