J’ai connu cette semaine une journée curieuse, avec la réunion du CE dont je suis le secrétaire le matin et la participation l’après midi au CCTP d’une administration pour laquelle je travaille. J’ai donc été successivement dans deux rôles différents dans deux instances semblables
Le CE du matin, extraordinaire, (c'est-à-dire convoqué en supplément du CE mensuel ordinaire), portait sur un projet interne de réorganisation assez consensuel puisque l’avis du CE fut favorable à l’unanimité.. Mais il s’est déroulé au moment d’un autre micro événement qui m’a amené à réaffirmer une position simple : je refuse de partir de l’idée à priori que la direction a tort, ou de l’idée à priori qu’elle a raison.
Le vote du matin a montré que certains élus, dont on pouvait penser à leur comportement habituel qu’ils étaient méfiants à priori, étaient capables de reconnaître ce qui est positif. En fait, ils ne sont pas dans la position qu’on trouve chez certains syndicats, qui partent de l’hypothèse que les intérêts des salariés et de la direction sont opposés par nature et qu’il faut donc systématiquement se méfier de ce que recèle les projets de la direction et les combattre.
Ma position est différente . S’il y a un contrat de travail, c’est que fondamentalement les deux parties y ont intérêt, de la même façon qu’en cas d’échange commercial les deux acteurs de l’échange y ont un intérêt. La répartition de cet intérêt peut évidemment être très inégale (comme en commercial). Cet intérêt commun n’est pas incompatible avec le fait que sur certains point les intérêts soient divergents voire contradictoire.
Il se trouve que dans mon entreprise, il y a pas mal de gagnant/ gagnant à construire et il me parait donc prioritaire de le rechercher.
Au-delà des logiques d’intérêts collectifs, les syndicats et les représentants du personnel sont aussi un contre pouvoir indispensable contre les dérives potentielles du management. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument, c’est une évidence. S’il n’y a personne pour siffler le dépassement de la ligne jaune, ces dérives ne peuvent que se multiplier.
J’assistais l’après midi à un comité central technique paritaire dont le principal point à l’ordre du jour était la présentation d’une étude par un de mes collègues et moi-même, étude faite dans plusieurs établissements. Le déroulement fut satisfaisant pour le DRH puisque celui-ci vint me remercier à la fin de la réunion en m’affirmant qu’en trois ans, c’était la première fois qu’il y avait une telle qualité de dialogue dans la réunion. Il faut dire que l’enquête menée avait associé tous es acteurs de terrain.
Il y eut pourtant un petit incident en fin de séance, que je voulais analyser ici. La réunion avait commencée, avant ma présentation, par des déclarations de chacun des syndicats présents, exprimant leur point de vue général sur le sujet à débattre et abordant au passage d’autres sujets, y compris le résultat des dernières élections présidentielles. Ce genre de déclaration permet à chaque syndicat de faire connaître sa position à ses mandants (le compte rendu est affiché) et d montrer qu’il les défend. On y trouve forcément pas mal de langue de bois (mais aussi de sous entendus) mais cela permet souvent de passer ensuite aux choses sérieuses.
En fin de séance, chaque syndicat a donné sa conclusion de la séance ;, l’avis général étant de souligner l’intérêt de sujet évoqué et la qualité de l’enquête (ce qui ne peut que flatter l’ego du consultant !). Le dernier syndicat intervenant est revenu à des déclarations générales politiques à propos du programme de N Sarkozy. Cela a provoqué l’ire de directeur d’administration centrale qui présidait la réunion, les propos tenus n’ayant manifestement aucun rapport avec la situation de la dite administration et le syndicat en question étant coutumier du fait.
Il m’a pourtant semblé que le positionnement du syndicaliste, au-delà de son caractère habituel, pouvait s’expliquer autrement. En réalité (et son comportement pendant la séance l’avait prouvé), le sujet l’avait intéressé. Mais il l’avait aussi déstabilisé. Il partageait un certain nombre des constats présentés et avait découvert des questions nouvelles. De plus, il ne pouvait pas se positionner en simple opposition. Il avait donc besoin de digérer tout cela. En attendant, le plus simple pour lui était de ressortir le disque bien maîtrisé de la politique générale.
Dans la conduite du changement aussi le temps, c’est important !
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