J’avais pensé, sans passer à l’acte, réagir il y a quelques jours au beau billet de Pikipoki sur le sujet(voir aussi ici). La poursuite de la polémique conduit ce jeudi à un entretien avec Nicolas Sarkozy dans Libé, que je trouve assez représentatif de la personnalité du candidat, au-delà de ce thème particulier.
Sentant qu’il a été trop loin, l’ancien ministre de l’intérieur reprécise en la modifiant un peu sa position (ce qui n’est guère dans ses habitudes, mais il y a d’autres exemples, comme la baisse des prélèvements libératoires, prudemment repoussée à 10 ans). Mais il reprend en le développant un argument qu’il avait déjà eu dans la revue philosophique, celui de la consolation des parents, à qui on ne peut faire supporter en plus de leur douleur, la responsabilité de la situation de leur enfant.
Dans le cas de l’autisme qu’il cite, je me souviens avoir entendu dire que F Dolto (pour qui j’ai une grande admiration) avait un jour fait comprendre aux parents d’un autiste que c’était de leur faute. Contrairement à Nicolas Sarkozy, je ne suis pas plus convaincu que la cause de l’autisme soit génétique (du moins uniquement) ; La réalité est sans doute comme souvent plus complexe. Mais sa position est sans doute plus utile pour les parents que celle de F Dolto qui n’aurait été légitime que si elle avait été plus utile pour l’enfant.
Prudemment, le candidat de l’UMP ne revient pas sur la pédophilie où sa position était très faible (c’est le moins qu’on puise dire), l’histoire des personnes concernées étant assez forte dans ce domaine ; j’imagine que comme ministre de l’intérieur, il a été confronté au dilemme de « quoi faire « avec les pédophiles avérés, personne ne semblant avoir sur le sujet pour l’instant de solution miracle.
Si on prend un peu de champ par rapport aux candidats, on peut constater que les positions extrêmes (le tout génétique ou le tout apprentissage) ont donné des résultats qui font froid dans le dos : le génocide juif ou tzigane dans le premier cas, les massacres des khmers rouges dans le second
La mise en valeur de l’acquis avait de grands avantages : elle permettait de remettre en cause les préjugés favorisant par exemple ceux qui avaient le sang bleu, et de manière générale tous les avantages acquis. Elle permettait aussi de favoriser des choix (par exemple celui de l’éducation) allant dans le sens de faire grandir l’homme dans sa connaissance et son humanité.
Et puis tout simplement, c’est sur cela qu’on peut agir ! Ce qui pourrait suffire à clore le débat !
En réalité, il est assez évident que nous sommes à la fois le produit enchevêtré de nos gènes et de notre éducation, de nos rencontres et de notre environnement. La question de la proportion n’a guère de sens faute d’instrument de mesure !
Ecarter l’inné, cela peut conduire à refuser la différence entre les individus. Sous prétexte que la mise en valeur de cette différence a été et est encore utilisée par certains pour justifier et accroître les inégalités, devons nous nous enfermer dans le « je ne veux voir qu’une tête » ? C’est avec ce refus des différences qu’il y 50 ans, dans les belles écoles de la République, on attachait le bras gauche de mon beau frère, pour l’obliger à écrire de la main droite.
J’ai fait partie de la génération qui adolescente a compris que l’enfermement des femmes dans un rôle soi disant naturel était dicté par leur éducation (c’est parce qu’on leur donne une poupée etc.). Et puis, j’ai eu moi-même des enfants et j’ai compris que les choses étaient plus complexes que cela, qu’il y avait un mélange d’inné et d’acquis. Chaque personne est unique. L’humanisme, cela ne consiste évidemment pas à enfermer une personne dans son patrimoine génétique. Mais pour moi, le véritable humanisme, c’est de permettre à chacun de développer au maximum toutes ces potentialités. Et si pour une personne courir le 100 mètres en 18 secondes est un exploit, je me félicite qu’elle ait accompli cet exploit !
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