A force de suivre la progression de F Bayrou dans les sondages et de se demander s’il ne pourrait pas se retrouver au deuxième tour, on fini par oublier celui parmi les candidats qui justement a causé la surprise il y a 5 ans en devançant le candidat socialiste, premier ministre sortant. On l’entend assez peu jusqu’à présent, mais la campagne officielle va lui donner l’occasion d’être beaucoup plus présent
Je rassure tout de suite mes lecteurs, je n’ai absolument pas l’intention d’accorder mon vote au président du Front National. J’ai déjà analysé ici les ressorts de ses discours. Comme 82% des français, j’ai voté en 2002 pour Jacques Chirac au deuxième tour, non pas pour garantir l’élection de celui-ci, qui était assurée, mais pour dire clairement à Le Pen que la grande majorité des électeurs ne voulaient pas de lui.
Le vote d’extrême droite de 2002 était composé, à mon avis à part à peu près égale, d’un vote d’adhésion aux thèses frontiste et d’un vote de défiance et d’alerte vis-à-vis de la classe politique. Ce vote de rejet, qui a également conduit à l’important vote trotskiste) s’est manifesté plus fortement encore au référendum sur la constitution européenne. Le doute sur la classe politique actuelle existe toujours si on en croit le CEVIPOF. C’est sur lui que surfe aujourd’hui Bayrou. Mais les électeurs ne sont pas dupes. Non seulement il y a encore beaucoup d’indécis mais ceux qui ont déjà fait leur choix le font beaucoup plus souvent par raison et faute de mieux que par véritable adhésion (il y a bien sûr des convaincus et des militants !).
Dans ces conditions, JM Le Pen peut théoriquement monter. Les sondages lui donnent environ 12% des suffrages et plutôt une tendance à la progression (les instituts sont divisés). IPSOS notamment lui voit un gain de 4% (de 10% début février à 14% aujourd’hui) et surtout la plus forte proportion d’électeurs sûrs de leur vote.
On pourrait donc imaginer que, progressant pendant la campagne officielle comme la dernière fois, Le Pen vienne reprendre des voix à F Bayrou et que ce mouvement et la baisse de Bayrou ramène au bercail des électeurs d » gauche tentés par l’UDF qui choisiront le vote utile.
C’est possible, mais je n’y crois pas trop. Pour trois raisons essentielles
D’abord le candidat frontiste est vieillissant et cela commence à se voir
Ensuite, la conjoncture économique est en amélioration quand elle se dégradait il y a 5 ans
Enfin, les électeurs peuvent avoir le sentiment que les choses ont changé en manière de sécurité. En effet, alors que les atteintes aux bien et aux personnes étaient en pleine augmentation, la gauche donnait en 2002 le sentiment de nier le phénomène et de rester dans l’idée que la prévention d’une part, la diminution du chômage d’autre part, allaient diminuer la délinquance. Il n’y a rien de plus insupportable que de voir nier les problèmes que l’on vit au quotidien. Depuis, les résultats ont connu une évolution contrastée avec une baisse des atteintes aux biens et une augmentations des atteintes aux personnes, en particulier les violences « gratuites », non liées à une opération crapuleuse (voir page 13), réelle mais faible en comparaison de l’explosion de 1999 à 2001. Surtout, la gauche donne maintenant le sentiment d’avoir mieux pris la mesure du problème. Et le candidat Sarkozy incarne celui qui a montré sa détermination à agir.
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