L’augmentation du nombre de retraités lié à l’allongement de la durée de la vie et à l’arrivée du Papy Boom, pose un redoutable problème de financement. Plutôt que de baisser le niveau des pensions ou de charger encore les actifs par de lourdes cotisations, la solution du report de l’âge de la retraite est préconisée un peu partout et a même fait l’objet d’un objectif au sein de l’Union Européenne, adopté à l’époque par le gouvernement Jospin : amener à 50% le taux d’activité dans la tranche des 55/64 ans.
Le rapport sur les métiers en 2015 s’interroge assez longuement sur le résultat qu’on peut attendre dans ce domaine d’ici 2015. Il constate au préalable que pour diverses raisons (pré retraite, inactivité pour raisons de santé, dispense de recherche d’emploi…), une bonne partie de ceux qui font valoir leurs droits à la retraite ont arrêté leur activité depuis un certain temps. Il considère donc qu’il vaut mieux s’appuyer sur l’age réel de fin de carrière (le dernier moment où on a travaillé que sur le moment où on fait valoir ses droits à la retraite : à ce moment en effet, on bascule des actifs qui financent les non actifs du coté de ces derniers. Et il apporte à la réflexion la courbe représentative de l’évolution de l’âge moyen de fin de carrière depuis 1993. Mais avant d’examiner cette courbe, imaginons ce que pourraient prévoir différentes personnes :
Le représentant du gouvernement rappellera la loi Balladur,
qui a augmenté progressivement (à raison de 1 trimestre par an) la
durée nécessaire de cotisations dans le secteur privé, pour passer de
37.5 ans en 1993 à 40 ans en 2003. A cette loi s’est ajouté celle de
2003 (loi Fillon) qui aligne en 5 ans le régime du public sur celui du
privé. Toutes ces mesures avaient comme objectif de repousser les
départs : il faut remercier le législateur courageux pour cette action
efficace. Le représentant du gouvernement s’en va ensuite sans attendre
le résultat : il n’est pas d’usage en politique d’évaluer le résultat
des lois votées.
Le journaliste de service rappelle les nombreux arcticles que lui et
ses confrères ont écrits pour prédire une pénurie de main d’œuvre des
2005 en raison du choc démographique : il n’est pas douteux que ce choc
ait entraîné dès avant 2005 une augmentation du travail des seniors et
donc un prolongement de l’âge de fin de carrière après des années de
stagnation !
L’économiste fera l’hypothèse que la croissance joue un rôle important
dans ce domaine. Ses études sur le terrain lui ont permis de constater
qu’en cas de plan social il y a un consensus entre les patrons, les
syndicats et les intéressés pour faire partir les seniors le pls tôt
possible. On peut donc s’attendre à une baisse de l’âge moyen des
départs dans les périodes difficiles (1993/1997 et 2001/ 2003).
Qu’en est il exactement ? On trouvera cette courbe en page 22 du
rapport.
Premier constat : l’age moyen est un peu en dessous de 58.7 ans en
1993, il est légèrement au dessus de cet âge 12 ans après, comme s’il
ne s’était rien passé entre-temps, que la durée de cotisation n’avait
pas augmenté de 2.5 ans pour presque tous !
Deuxième constat : cette stagnation entre les extrêmes de la période
cache des fluctuations d’environ 3 mois, avec un point haut en 1995(à
58.9 mois) un point bas en 1998 (à un peu moins de 58.5 mois) et un
nouveau point haut en 2002 toujours à 58.9 mois, avant une nouvelle
baisse.
*
Tout ce se passe comme si les lois n’avaient eu aucun effet, et que les
effets de la plus ou moins forte croissance se faisaient sentir avec un
décalage d’environ 1 à 2 ans.
Quand au « choc démographique » supposé, il n’a semble t’il pas conduit
à la pénurie de cadres attendue, si on en croie les jeunes stagiaires à
bac + 5 !
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