Les Allemands et la fin du nucléaire

Le Monde daté du 25  consacre son éditorial et une demi page complète sur le projet allemand de sortie du nucléaire. Pour une fois, il ne fait pas dans l’écologisme aveugle et il pointe les conséquences et les coûts de l’opération, notamment avec la publication d’une carte des centrales au charbon en construction

 

En lisant l’article, on apprend qu’il faudra construire des lignes à haute tension entre les parcs à éoliennes du nord de l’Allemagne et les régions industrielles du sud. 4500 km de lignes à haute tension sont prévues pour un coût estimé entre 22 et 29 milliards. Et pour accélérer cette construction, il est prévu de limiter le pouvoir de décision des Etats régions avec en contrepartie un dédommagement pour les communes traversées : 40 000 euros par KM de ligne.

 

Quand on sait que l’un des reproches faits par les écologistes aux centrales nucléaires était la concentration de la production se traduisant par la nécessité de lignes à haute tension, quand on les a entendu vanter le caractère « démocratique » du renouvelable du fait de sa proximité, on est tenté de ricaner…

 

L’article relève aussi ce que les écologistes ne disent jamais : il y aura aussi des jours sans vents et sans soleil ! Il faut donc prévoir des centrales classiques pour ces jours là. Et justement, un projet de construction de 10 000 mégawatts de centrales au charbon (très polluantes dit Le Monde) est envisagé qui pourrait être subventionné en partie par le gouvernement, si Bruxelles donne son accord.

 

Les Allemands prétendent être malgré tout en capacité de tenir leur promesse d’une baisse de 40% de la production de CO2 entre 1990 et 2020. Il faut dire qu’ils partaient d’assez haut….

 

On comprend donc qu’il faut doubler les investissements : dans les éoliennes pour produire les jours de vent et dans les centrales classiques pour les autres jours. Mais il y a d’autres coûts : « le mégawatheure coûte en Allemagne 60 euros, il faut compter 90 euros avec une éolienne, 150 si elle est offshore, et 370 euros pour le solaire

 

On s’oriente aussi vers un marché de l’électricité très compliqué au niveau européen, avec une surcapacité une bonne partie de l’année, tirant les prix vers le bas, et au contraire un risque élevé de black-out certains jours, faisant monter très haut les prix ces jours-là : le rêve pour les propriétaires de turbines à gaz.

 

Comme on le voit, l’addition commence à être salée, mais apparemment les Allemands sont d’accords pour payer. En 2012, le prélèvement « énergies nouvelles » devrait représenter 14% de la facture d’électricité des ménages, soit pour chacun d’eux 120 euros par an.

 

Mais après tout, la zone euro a bien besoin d’une Allemagne moins compétitive !